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12 BRAHMS • SONATES POUR VIOLON ET PIANO Esquissée la même année 1886, mais achevée l’été 1888, toujours sur les rives du lac de Thun, la Troisième Sonate en Ré mineur op.108 expose un climat différent, nettement plus sombre et légendaire, dès l’ Allegro alla breve fougueux qui ouvre l’œuvre. Brahms renoue dans cette sonate avec son écriture tourmentée, symphonique aussi, telle qu’elle s’affirmera dans les pièces pour piano de la fin. Plus virtuose et conflictuelle, elle est dédiée au grand pianiste Hans von Bülow, peut-être pour illustrer la bataille qui se joue précisément par endroit entre les deux instruments ! Un deuxième thème, éperdument lyrique, s’oppose à la véhémence du premier. Après un passage mystérieux, presque en apesanteur, où se mêlent fragments thématiques et nouvelles idées, survient un développement concentré et puissant, rhapsodique et presque concertant. Une belle coda suspendue conclut le mouvement dans la paix, préparant la splendeur qui va suivre. L’ Adagio qui suit constitue le sommet des trois sonates ; prière et berceuse à la fois, il expose au violon une mélodie pure et poignante qui atteint vite à une grande effusion. Un lied presque, ou un hymne fervent, éploré et noble, d’une émotion d’autant plus haute qu’elle reste contenue. Le piano fait entendre sa voix, comme une tendre réponse ; puis le chant revient, plus vibrant encore, comme étouffé par l’émotion, avant la fin qui s’évapore comme un soleil descendant le soir dans son bain d’ocre.

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