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10 BRAHMS • SONATES POUR VIOLON ET PIANO Cette entente miraculeuse, Brahms la renouvelle dans la Sonate en La majeur op.100 , composée durant l’été 1886 sur les bords du lac de Thun ; tonalité lumineuse s’il en est, empruntée déjà par le compositeur dans son Quatuor pour piano et cordes op.26 . La même année verra naître la Deuxième Sonate pour violoncelle et piano en Fa majeur op.99 , dont l’aspect si « vitaliste » et heureux est à mettre en regard de la sonate pour violon ; les lieder de l’opus 105, attesteront aussi de cette remarquable fécondité ; trois d’entre eux se feront entendre au cours de l’œuvre. Cette page est connue sous l’appellation Thuner-Sonate , due à l’ami de Brahms l’écrivain Josef Viktor Widmann, qui composa un poème — une ballade comme les affectionnait Brahms — traduisant l’état bienheureux du compositeur durant cette période : « … je dormais, et je rêvais, dans ce beau jour d’été, de façon si plaisante, que je puis à peine le raconter… » On retrouve dès l’entrée de l’ Allegro amabile le climat pastoral de la Première Sonate ; une phrase, tranquille, presque badine, qui emprunte à un lied (et aussi, mais c’est une coïncidence, à un motif fameux des Maîtres chanteurs de Wagner), donnée au piano, est reprise au violon. Le deuxième thème, doucement nostalgique, s’anime peu à peu, jusqu’à un troisième, plus rythmique et affirmé, qui conduit désormais le discours ; on admire là encore la véritable fusion qui s’exprime entre les deux instruments. Une vaste et remarquable coda, rêveuse à souhait, quasi berceuse, mène le mouvement à une fin énergique.

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