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16 PROKOFIEV | COWELL Parlez-nous des quatre pièces que vous avez sélectionnées. Je les ai découvertes au fil du temps. Elles ont été composées entre les années 1912 et 1930. Leur écriture est tonale avec une « grammaire » classique et des types de jeu particuliers qui sont précisés dans la partition. Les thèmes sont très simples. Quelques notes, seulement. Cowell indique peu de nuances. L’interprète doit donc trouver les gestes adéquats afin de phraser. Il lui faut expérimenter, s’adapter à l’instrument et à l’acoustique du lieu. Certaines partitions ont été difficiles à trouver comme The Tides of Manaunaun , qui est devenu l’une de ses œuvres les plus célèbres. Manaunaun était à l’origine le dieu du mouvement, et la pièce exprime une fascination pour les basses. Il s’agit d’une sicilienne à la mélodie classique harmonisée. The Banshee et The Fairy Bells sont plus complexes. Ce sont les premières œuvres, probablement dans l’histoire de la musique, dans lesquelles l’interprète joue directement sur les cordes du piano. Dans Banshee , une personne ou un objet appuie sans discontinuer et à fond sur la pédale forte. L’interprète est de l’autre côté de l’instrument, penché sur la table d’harmonie. Les modes de jeu diffèrent en fonction des glissés des doigts sur les cordes. Sur la partition, un thème de trois ou quatre notes à pincer offre une mélodie. C’est une pièce indéfinissable dont le résultat sonore ne peut être précis. Elle offre des sonorités inattendues, des effets acoustiques étranges avec un piano entièrement ouvert.