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WILHEM LATCHOUMIA 13 Jusqu’à quel point ? Si la simplicité permet de souligner toute la dimension sarcastique et ironique de certains passages, la complexité enrichit considérablement le propos. Je reviens au passage Amoroso de l’opus 102. Je constate que dans cette pièce, l’écriture de l’orchestre est plus sobre que celle du piano ! Au clavier, Prokofiev ajoute des formules que je qualifierais de « torturées ». Elles épaississent volontairement le lyrisme et la lignemélodique. Il s’agit donc d’une fausse simplicité et le compositeur, génie de la mélodie, nous donne à entendre des pages proprement inchantables ! Utilisant l’art de la transcription si prisé au XIX e siècle, notamment par Franz Liszt, Prokofiev réalisa plusieurs arrangements pour le piano de ses propres œuvres. Par la suite, divers interprètes de sa musique effectuèrent leurs transcriptions de ses partitions. Aussi belles que soient les productions de ces derniers, elles ne sonnent généralement pas comme du Prokofiev. En effet, elles apparaissent souvent trop pianistiques alors que l’art du compositeur demeure imprévisible, oublieux du clavier.
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