Sa connaissance en facture d’orgue dépasse de loin celle de la plupart de ses confrères. De l’extrémité de la touche à la bouche des tuyaux, en passant par les sommiers, la mécanique, la pression du vent, Isoir connait à fond son instrument. Cette approche pragmatique du toucher lui permet d’établir des liens avec les styles particuliers à chaque facture nationale, à chaque époque, chaque région ou tel et tel compositeur. C’est ainsi qu’il est aussi à l’aise avec Franck, Attaignant, Alain, Roberday ou Bach ! Au cours de son intégrale, il lui est arrivé, sur de fameux instruments, de déplorer l’absence d’un timbre particulier au pédalier, ou ailleurs. Qu’à cela ne tienne… Il ôtait d’un clavier le nombre de tuyaux nécessaires, les disposait à la pédale, et jouait ainsi un cantus firmus en taille ou en basse… Cela tenait quasiment de la magie ! Dans son atelier, André Isoir manie la scie, la tenaille, aussi assidûment qu’il se donne à la musique. Son exceptionnelle adresse manuelle lui permit de fabriquer intégralement plusieurs instruments : serinettes, orgue coffre, clavecin, restauration de piano-forte du XIXe siècle… 12 BACH ∙ L’ŒUVRE POUR ORGUE
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