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VANESSAWAGNER 7 Pourquoi avoir choisi d’interpréter plus particulièrement les Harmonies poétiques et religieuses ? J’ai commencé à jouer quelques-unes des Harmonies en concert, pour accompagner le Via Crucis . J’étais à chaque fois saisie par l’alternance récurrente de deux états d’âme : l’exaltation grandiose, grandiloquente, parfois même extatique et le recueillement, une forme d’intimité presque méditative. C’est cet enchevêtrement d’émotions que je trouve particulièrement magnifique. Le début de Pensée des morts par exemple s’ouvre sur un cheminement tortueux dans les notes les plus graves du piano, puis conduit à une liturgie religieuse, et la pièce se clôt sur un finale d’un lyrisme et d’une éloquence absolument incroyables ! C’est un véritable parcours initiatique, qui va de l’extrême dépouillement à la plus grande extase. J’ai joué ces pièces bon nombre de fois avant de les enregistrer. C’est une musique qui demande un grand temps de maturation parce qu’au-delà de la virtuosité, elle exige de l’interprète un cheminement intérieur, un voyage quasiment philosophique et introspectif. Avez-vous ressenti le besoinde vous plonger dans les Harmonies poétiques et religieuses de Lamartine, dont s’est inspiré Liszt ? J’ai lu ces poèmes plus jeune, et je les ai adorés. Je les ai relus pour travailler le cycle de Liszt, mais je m’en suis vite détachée. Ils me sont apparus un peu trop lyriques, trop « adolescents ». A mes yeux, la musique de Liszt a très largement dépassé la source poétique de son inspiration.

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