LDV302

S’emparant comme aucun de ses prédécesseurs du choral imposé par la Réforme, dans le contexte si profondément luthérien de sa Thuringe natale, Bach le façonne en un véritable instrument de prédication comme en témoigne ici un programme totalement empreint de cette exaltation de la gloire de Dieu. Car voilà bien l’unique ambition du musicien, en quète d’une perfection que la stricte vanité artistique ne saurait suffisamment nourrir, mais que la foi et le service de la liturgie appellent chez lui de manière incessante. Nulle autre forme que celle du choral, tant par la liberté du cadre offert, avec son infini potentiel de développement, que par la nature du message s’y incarnant, ne s’adapte mieux aux desseins de Bach et à son mysticisme personnel, qui substitue la musique à l’extase. De Eisenach, où il entend peut-être très jeune les trompettes et les cornets dispenser quotidiennement leurs chorals depuis le beffroi, jusqu’à Leipzig, où l’on voudrait trop idéalement croire que l’agonie fut nimbée du choral Vor deinen Thron , sa vie entière témoigne d’une imprégnation fondamentale et permanente de l’œuvre, instrumentale ou vocale, non par un simple procédé technique voué à l’édification des pécheurs, mais par le véritable ferment d’une communion avec le Créateur. ANDRÉ ISOIR 9

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