LDV302

Le résultat de cette superposition est saisissant ; au-delà de son pouvoir d’évocation concrète de la liturgie, il affiche ce qu’une audition superficielle pourrait dissimuler en l’absence d’articulation avec le texte : comme en d’autres circonstances, au fil d’un discours « dont la poésie se dégage comme un parfum léger 5 », Schweitzer note que « Bach harmonise les paroles et non la mélodie pure 6 ». De sorte que bien souvent, au-delà de la juxtaposition de l’orgue et du chœur, la version instrumentale trouve aussi sa justification en soi. Tant on peut, s’agissant d’unemusique conçue d’après un argument, « en préciser les idées caractéristiques à l’aide des thèmes seuls 7 », sans connaissance du texte. Comme dans ce Vater unser à 4 voix, BWV 737, empruntant également aux mêmes structures sévères que le Te Deum, avec son cantus firmus en valeurs longues au soprano, que Geiringer assimile à « un motet sans paroles 8 » alors qu’il « est pourtant évident que l’idée essentielle en est la puissante prière de Luther 9 », troisième cantique du nouveau catéchisme. ANDRÉ ISOIR 15 5.A. Schweitzer, J.S Bach le musicien-poète , Leipzig, 1905. M. et P. Foetisch, 1967, p. 23 6. Id. 7. Ibid., p. 217 8. K. Geiringer, Johann Sebastian Bach , Oxford, 1966. Seuil, 1970, Trad. R.Celli, p. 233 9. Id.

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