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10 BACH_TE DEUM / DE PROFUNDIS Les résultatsmusicaux sont connus, en particulier dans les formes les plus achevées d’un art consommé. Celles-là mêmes qui pervertissent d’une certaine façon les objectifs de simplicité de la Réforme. Car, en ce domaine comme en d’autres, Bach transfigure un genre par définition plutôt usuel, dont les Scheidt, Reinken, Boehm, Pachelbel ou Buxtehude lui ont transmis l’héritage, en objet de créations d’une beauté absolue et complexe, parfois cultivée au détriment de la compréhension du timbre des chorals. Et donc au préjudice d’une relation ordinaire avec un auditoire subjugué et « immobile d’admiration 1 ». Ainsi à l’orgue, dans cet art « d’entretenir les sentiments de ferveur des fidèles par des préludes et des improvisations (…), il ne nous apparaît plus comme un homme, mais bien plutôt comme un esprit impersonnel planant sur notremonde périssable 2 ». Car Bach n’est pas Mozart, à qui la postérité, dans ses dosages mystérieux, l’oppose souvent sur ce thème : l’un n’est préoccupé que par le salut des hommes, quand l’autre ne parle qu’à leur cœur. 1. C.F.D. Schubart : Autobiographie , Hohenasperg, avant 1779, in Bach en son temps , présenté par Gilles Cantagrel, Paris, 1982, p.270 2. J.N. Forkel, Sur la vie, l’art et les œuvres de Johann Sebastian Bach, Leipzig, 1802, in Bach en son temps , op.cit., p.386

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