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50 OISEAUX DE PASSAGE Quand on est morte entre les mortes, Qu'on se traîne chez les vivants, Lorsque tout vous flanque à la porte Et la ferme d'un coup de vent, Ne plus être jeune et aimée... Derrière une porte fermée, Il reste de se fiche à l'eau Ou d'acheter un rigolo. Oui Messieurs, voilà ce qui reste Pour les lâches et les salauds. Mais si la frousse de ce geste S'attache à vous comme un grelot, Si l'on craint de s'ouvrir les veines, On peut toujours risquer la veine D'un voyage à Monte-Carlo. Monte-Carlo, Monte-Carlo. J'ai fini ma journée. Je veux dormir au fond de l'eau. De la Méditerranée. Après avoir vendu votre âme Et mis en gage des bijoux La Dame de Monte-Carlo Texte de / Text by Jean Cocteau (1961) Que jamais plus on ne réclame, La roulette est un beau joujou. C'est joli de dire : "je joue". Cela vous met le feu aux joues Et cela vous allume l'œil. Sous les jolis voiles de deuil On porte un joli nom de veuve. Un titre donne de l’orgueil ! Et folle, et prête, et toute neuve, On prend sa carte au casino. Voyez mes plumes et mes voiles, Contemplez le strass de l'étoile Qui me mène à Monte-Carlo. La chance est femme. Elle est jalouse De ces veuvages solennels. Sans doute elle m'a cru l'épouse D'un véritable colonel. J'ai gagné, gagné sur le douze. Et puis les robes se décousent, La fourrure perd ses cheveux. On a beau répéter : "je veux",

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