NATALIE DESSAY PHILIPPE CASSARD OISEAUX DE PASSAGE
Oiseaux de passage
Natalie Dessay soprano Philippe Cassardpiano
André Previn (1929-2019) A Streetcar Named Desire (1997) 3'24 “I want magic” (Texte de Philip Littell) Stephen Sondheim (1930-2021) Sweeney Todd: The Demon Barber of Fleet Street (1979) 3'01 “Green finch and linnet bird” (Air de Johanna) (Texte de Stephen Sondheim) Gian Carlo Menotti (1911-2007) The Old Maid and the Thief (1939) 4'12 “What a curse for a woman – Steal me, thief” (Récitatif et air de Laetitia) (Texte de Gian Carlo Menotti) Samuel Barber (1910-1981) Mélodies passagères op.27 : n°1, Puisque tout passe (1950) 1'08 (Poème en langue française de Rainer Maria Rilke) Ernest Chausson (1855-1899) Le Colibri, op.2 n°7 (1882) 3'04 (Poème de Leconte de Lisle) 1 2 3 4 5
1 Reynaldo Hahn (1874-1947) Le Rossignol des lilas (1913) 1'41 (Poème de Léopold Dauphin) Maurice Ravel (1875-1937) Trois beaux oiseaux du Paradis (1914) 2'23 (Poème de Maurice Ravel) Louis Beydts (1896-1953) Chansons pour les oiseaux : n°1, La Colombe poignardée (1948) 2'24 (Poème de Paul Fort) Francis Poulenc (1899-1963) Métamorphoses FP 121 : n°1, Reine des mouettes (1944) 1'07 (Poème de Louise de Vilmorin) La Dame de Monte-Carlo (1961) 7'29 (Texte de Jean Cocteau) TT: 30’26 6 7 8 9 10
Paris, le 24 août 2010 Chère Natalie, Pardonnez-moi d'utiliser ce moyen direct de vous contacter, mais ce dont je voudrais vous parler nécessite, disons, une certaine urgence. Voici de quoi il s'agit : Tout récemment, Madame Francine Perrot, dont le grand-père était proche du couple Claude et Emma Debussy, m'a fait don d'une dizaine de manuscrits de Debussy : des mélodies de jeunesse. Parmi elles, quatre inédites, inconnues des musicographes. Elles sont très intéressantes, pleines de charme et d'humour, l'une d'entre elles, assez longue, "Les Elfes", est même, je pense, une grande réussite. (...) C'est bien simple : il n'y a pas trente-six sopranos qui peuvent donner à ces mélodies inédites toute leur saveur, leur virtuosité et leur couleur propre. Il n'y a que vous, et je vous le dis de tout cœur. 2 OISEAUX DE PASSAGE
De passage à Vienne l’année dernière, je vous ai entendue au Theater an der Wien chanter Mélisande, aux côtés de Stéphane Degout et de votre mari Laurent Naouri, et j’en ai été bouleversé. Je suis bien conscient de mon audace à m'adresser à vous, et aussi du fait qu'un enregistrement de ces mélodies devrait être réalisé au plus tard fin 2011, voire tout début 2012. Y aurait-il un petit espoir qu'à la lecture de ces mélodies, vous ayez un vrai coup de cœur et envisagiez de les apprendre ? Je crois sincèrement que ces musiques en valent la peine. La simple idée de "créer" des œuvres de notre cher Debussy, qui n'ont jamais été données publiquement, cette idée-là me paraît source de belles émotions musicales et d’une grande fierté à avoir contribué au « monument Debussy ». Qu'en pensez-vous ? Merci d'avoir pris le temps de me lire, et de la réponse que vous ferez. Je vous dis mon admiration pour votre travail, et combien je suis touché par votre art. Bien cordialement, Philippe Cassard 3 NATALIE DESSAY ∙ PHILIPPE CASSARD
4 OISEAUX DE PASSAGE [Message trouvé sur mon répondeur laissé le 12 septembre 2010, jour de mes quarante-huit ans, et pieusement conservé.] « Bonjour Philippe Cassard, c’est Natalie Dessay. Pardon de vous répondre si tardivement mais j’étais en production et peu disponible. Alors non, je préfère vous dire que je ne pourrai pas donner suite à votre projet. Je suis sûre qu’il est intéressant, et d’ailleurs je jetterais un coup d’oeil à ces manuscrits de Debussy avec plaisir. Appelez-moi dès que vous le pourrez, on trouvera un jour. Mais sinon, ce n’est pas pour moi.
5 NATALIE DESSAY ∙ PHILIPPE CASSARD Je ne chante plus de mélodies depuis longtemps. Je n’aime pas ça. Être toute seule devant un piano… Je suis une chanteuse d’opéra. J’aime jouer. Et puis redonner des récitals, non, c’est hors de question. Je peux vous donner des noms de collègues qui sont de magnifiques chanteuses de mélodies et qui feront ça très bien. Mais moi, non. Désolée. À bientôt ».
6 OISEAUX DE PASSAGE Natalie m’a avoué, dix ans plus tard, à l’approche de notre centième concert, que mon insistance, ma patience, ma conviction qu’elle seule pouvait porter sur Debussy un regard d’interprète renouvelé et passionnant, avaient eu raison de son refus originel. Je m’étais trompé en l’imaginant pleine d’appréhension et débordée par ses activités à l’opéra. Natalie voulait être désirée. Et comme j’ai désiré Natalie plus que tout au monde pour ce projet Debussy, elle m’ouvrit les portes de son monde de beauté*. *Extrait du livre de Philippe Cassard Par petites touches, Mercure de France, 2022
7 NATALIE DESSAY ∙ PHILIPPE CASSARD Notre répertoire, cantonné au départ à Debussy et quelques mélodies de Chabrier, Fauré, Duparc et Chausson, s’étoffa rapidement : les cycles de Poulenc sur les poésies de Louise de Vilmorin, des Lieder de Felix et Fanny Mendelssohn, Clara Schumann, Brahms, Hugo Wolf, Richard Strauss, Alma Mahler, Hans Pfitzner, et quelques mélodies de Rachmaninov. L’ovation et des critiques dithyrambiques qui avaient accueilli Natalie au Musikverein de Vienne à l’issue d’une première partie exclusivement consacrée à Schubert l’encouragea à enregistrer une quinzaine de ses Lieder. Une légère entorse à la règle que Natalie avait fixée (“Pas d’airs d’opéra : je n’ai pas passé ma vie à chanter avec les plus grands orchestres d’opéras du monde pour revenir à un accompagnement des airs au piano”) lui permit d’incarner trois rôles féminins des Noces de Figaro de Mozart (Susanne, Barberine, la Comtesse) et d’oser l’air de concert avec piano et orchestre Ch’io mi scordi di te.
8 OISEAUX DE PASSAGE Natalie n’a jamais été, sur scène, aussi charismatique et étincelante que lors des grands rendez-vous : les premiers récitals au Carnegie Hall (elle, la diva assoluta du Met), à l’Opéra de Vienne (honorée du titre de Kammersängerin), à l’Opéra de Paris (qui l’avait portée en triomphe en 1992 après sa désormais légendaire Olympia des Contes d’Hoffmann), le Tokyo City Opera (pour nous, la plus belle salle du monde) et ses centaines d’admirateurs prêts à patienter deux heures pour obtenir son autographe. Sa concentration extrême et sa nature d’artiste à fleur de peau, toujours inspirée, généreuse, conquérante, chauffée à blanc par les innombrables heures de répétitions, m’ont donné plus d’une fois la chair de poule en l’accompagnant, et n’ont cessé par la suite de nourrir mon propre travail de musicien. Pour cette tournée d’adieux qui nous mènera en 2025 jusqu’à un ultime centtrente-cinquième concert, Natalie a souhaité rendre hommage à la musique américaine qu’elle connaît parfaitement et a toujours adorée. Férue de jazz (je me souviens de soirées avec elle au Village Vanguard et au Lincoln Center de New York), elle est aussi amateure des comédies musicales (nous avions vu Bette Midler à Broadway dans Mary Poppins) et de l’œuvre de Stephen Sondheim (dont elle a chanté Passion en 2016 au Théâtre du Châtelet à Paris). Lui et André Previn, Gian Carlo Menotti et Samuel Barber seront ainsi au programme de l’album et des concerts.
La mélodie française ne nous a jamais quittés depuis 2010 : nous présenterons les rares Mélodies passagères de Samuel Barber sur la prose en langue française de Rainer Maria Rilke ; un délicieux groupe de mélodies de Chausson, Hahn, Beydts, Ravel et Poulenc dédiées aux volatiles (colibri, rossignol, colombe, mouette…) ; enfin, l’un des chevaux de bataille de Natalie : La Dame de Monte-Carlo de Poulenc, sur un texte admirable et poignant de Jean Cocteau, qui se conclut par un suicide. Natalie Dessay et moi tenons cependant à rassurer notre fidèle public : nous n’envisageons nullement cette extrémité pour nous-mêmes, mais un simple accord de fin, tout en douceur, pianissimo amoroso en Ut majeur, après quinze années de travail et de défis, de joies et de doutes partagés, de concerts et de voyages qui auront tissé la plus belle étoffe d’une indéfectible amitié.
10 OISEAUX DE PASSAGE Paris, 24 August 2010 Dear Natalie, Forgive me for using this direct means of contacting you, but the subject I’d like to talk to you about calls for, let’s say, a certain urgency. Here it is: Just recently, Madame Francine Perrot, whose grandfather was a close friend of Claude and Emma Debussy, gave me a dozen manuscripts by Debussy: songs from his early years. Among them are four previously unpublished works, unknown to the musicologists. They are very interesting, full of charm and humour, and one of them, quite long, Les Elfes, is even, I think, a great success. (...) It’s as simple as this: there are not dozens of sopranos who can give bring out to the full the flavour, virtuosity and distinctive colour of these unpublished mélodies. There is only you, and I say that wholeheartedly.
11 NATALIE DESSAY ∙ PHILIPPE CASSARD When I was in Vienna last year, I heard you sing Mélisande at the Theater an der Wien, alongside Stéphane Degout and your husband Laurent Naouri, and I was deeply moved. I am well aware of my audacity in addressing you, but equally aware of the fact that a recording of these mélodies ought to be made no later than the end of 2011, or perhaps very early in 2012. Might there be a glimmer of hope that reading through the songs will make you fall in love with them and consider learning them? I sincerely believe that this music is worth the effort. The mere idea of ‘creating’ works by our beloved Debussy which have never been performed in public would seem to me to be a source of great musical emotion and pride at having contributed to the ‘Debussy monument’. What do you think? Thank you for taking the time to read me, and for your reply. I would like to express my admiration for your work, and tell you how touched I am by your art. Yours sincerely Philippe Cassard
12 OISEAUX DE PASSAGE [Message found on my answering machine on 12 September 2010, my forty-eighth birthday, and piously preserved.] ‘Hello Philippe Cassard, this is Natalie Dessay. I’m sorry to reply so late, but I was in the middle of a production and short of time. So, no, I prefer to let you know that I won’t be able to go ahead with your project. I’m sure it’s interesting, and indeed I’d be delighted to have a look at these Debussy manuscripts. Call me as soon as you can and we’ll find a date. But other than that, it’s not for me.
13 NATALIE DESSAY ∙ PHILIPPE CASSARD I stopped singing mélodies a long time ago. I don’t like it. Standing all alone in front of a piano . . . I’m an opera singer. I like to act. And then the idea of giving recitals again – no, that’s out of the question. I can give you the names of colleagues who are magnificent mélodie singers and will do the job very well. But not me, sorry. See you soon.’
14 OISEAUX DE PASSAGE Natalie told me ten years later, as we neared our hundredth concert, that my insistence, my patience, my conviction that only she could give Debussy a fresh and exciting interpretative slant, had got the better of her initial refusal. I had been mistaken in imagining she was filled with apprehension and snowed under by her operatic activities. Natalie wanted to be desired. And because I desired Natalie more than anything else in the world for this Debussy project, she opened the doors of her world of beauty to me.* *The foregoing paragraphs are excerpted from Philippe Cassard’s book Par petites touches (Paris: Mercure de France, 2022) and are reprinted by kind permission of the publisher
15 NATALIE DESSAY ∙ PHILIPPE CASSARD Our repertoire, initially confined to Debussy and some mélodies by Chabrier, Fauré, Duparc and Chausson, soon expanded to include Poulenc’s cycles on poems by Louise de Vilmorin, lieder by Felix and Fanny Mendelssohn, Clara Schumann, Brahms, Hugo Wolf, Richard Strauss, Alma Mahler and Hans Pfitzner, and a few songs by Rachmaninoff. The ovation and the rapturous reviews that greeted Natalie at the Vienna Musikverein after a recital whose first half was devoted exclusively to Schubert encouraged her to record sixteen of his lieder. A slight departure from the rule that Natalie had laid down (‘No opera arias: I haven’t spent my life singing with the world’s greatest opera orchestras only to go back to a piano accompaniment’) enabled her to play three of the female roles from Mozart’s Le nozze di Figaro (Susanna, Barbarina, the Countess) and to dare to tackle his concert aria with piano and orchestra Ch’io mi scordi di te.
16 OISEAUX DE PASSAGE Natalie has never been more charismatic and sparkling on stage than she was at the big events: her first recitals at Carnegie Hall (she, the diva assoluta of the Met!), the Vienna State Opera (which honoured her with the title of Kammersängerin), the Paris Opéra (which had given her a triumphal reception in 1992 after her now legendary Olympia in Les Contes d’Hoffmann) and the Tokyo City Opera (in our view, the finest hall in the world) and its hundreds of admirers ready to wait two hours to get her autograph. Her extreme concentration and her nature as a hypersensitive artist, always inspired, generous, commanding, brought to incandescence by countless hours of rehearsals, have given me goosepimples more than once when accompanying her, and have never ceased to nourish my own work as a musician. For this farewell tour, which will take us to our final one hundred and thirty-fifth concert in 2025, Natalie wanted to pay tribute to the American music that she knows so well and has always adored. A jazz aficionada (I remember evenings with her at the Village Vanguard and Lincoln Center in New York), she is also a fan of musicals (we saw Bette Midler in Mary Poppins on Broadway) and especially the works of Stephen Sondheim (whose Passion she sang in 2016 at the Théâtre du Châtelet in Paris). He and André Previn, Gian Carlo Menotti and Samuel Barber will be on the programme of the album and the concerts.
French song has been a constant with us since 2010: we will present Samuel Barber’s rare Mélodies passagères setting original French prose poems by Rainer Maria Rilke; a delightful group of mélodies by Chausson, Hahn, Beydts, Ravel and Poulenc devoted to birds (hummingbird, nightingale, dove, seagull); and finally, one of Natalie’s great specialities, Poulenc’s La Dame de MonteCarlo, on an admirable and poignant text by Jean Cocteau, which ends with a suicide. However, Natalie Dessay and I would like to reassure our loyal audience that we do not envisage resorting to that extremity ourselves, but will simply take our leave on a quiet final cadence, pianissimo amoroso in C major, after fifteen years of work and challenges, shared joys and doubts, concerts and travels, that have woven the finest fabric of an unwavering friendship.
渡り鳥
19 ナタリー デセイ ソプラノ フィリップ カサール ピアノ
20 1 2 3 4 5 アンドレ·プレヴィン(1929-2019) 欲望という名の電車(1997) 3'24 〈私が欲しいのは魔法〉 (詞:フィリップ·リッテル) スティーヴン·ソンドハイム(1930-2021) スウィーニー·トッド:フリート街の悪魔の理髪師(1979) 3'01 〈ねえ小鳥さんたち〉(ジョアンナの歌) (詞:スティーヴン·ソンドハイム) ジャン·カルロ·メノッティ(1911-2007) 泥棒とオールドミス(1939) 4'12 〈女にとって何たる冒涜 - 私を盗んで、泥棒さん〉(レティーシアのレチタティーヴォとアリア) (詞:ジャン·カルロ·メノッティ) サミュエル·バーバー(1910-1981) 《はかない歌op.27》第1番:すべては過ぎ去るから(1950) 1'08 (詞:ライナー·マリア·リルケ, 仏語詩) エルネスト·ショーソン(1855-1899) ハチドリop.2-7(1882) 3'04 (詞:ルコント·ド·リール)
21 7 8 9 10 11 レイナルド·アーン(1874-1947) リラの茂みのナイチンゲール(1913) 1'41 (詞:レオポルド·ドーファン) モーリス·ラヴェル(1875-1937) 天国の美しい3羽の鳥(1914) 2'23 (詞:モーリス·ラヴェル) ルイ·ベイツ(1896-1953) 《鳥たちのための歌》第1番:刺された鳩(1948) 2'24 (詞:ポール·フォール) フランシス·プーランク (1899-1963) 《変身FP121》第1番:カモメの女王(1944) 1'07 (詞:ルイーズ·ド·ヴィルモラン) モンテカルロの女(1961) 7'29 (詞:ジャン·コクトー) TT: 30'26
2010年8月24日 パリ ナタリー·デセイ様 このように直(じか)にご連絡をする非礼をお許しください。というのも、ご相談したい件が、 言わば急を要するたぐいのものなのです。 さっそく本題に入ります: つい最近、フランシーヌ·ペロというお名前のご婦人——お祖父様がクロード&エンマ·ドビュ ッシー夫妻と親しかったそうです——が、ドビュッシーの約10点の自筆譜を私に寄贈してく ださいました。いずれもドビュッシーが若かりし頃に手がけた歌曲で、そのうち未刊の4曲は 音楽史家たちにすら知られていません。4曲とも実に興味深く、魅力とユーモアにあふれてお り、なかでも長めの《エルフたちLes Elfes》は、私が思うに秀作です。 (略) 端的に言います:これら未刊の歌曲から、その味わいと、ヴィルトゥオジティと、しかるべき 色彩とを余すところなく引き出せるソプラノ歌手など、ごまんといません。あなたしかいませ ん——私は心から、そう述べています。 22 渡り鳥
私は去年ウィーンに立ち寄ったさいに、あなたがアン·デア·ウィーン劇場で、ステファーヌ·デ グー氏やご主人のロラン·ナウリ氏との共演でメリザンドを歌うのを聞き、深く感銘を受けま した。 あなたに厚かましい依頼をしていることは重々承知していますが、なにぶん、これらの歌曲を 遅くとも2011年末または2012年初頭までに録音しなければなりません。 あなたが自筆譜に目をとおし、これらの歌曲に惚れ込んで、演奏を検討してくださる一縷の 望みはありますでしょうか? 私としては、力を注ぐ価値のある楽曲だと心から信じていま す。これまで一度も公の場で演奏されたことのない、我らの愛すべきドビュッシーの作品を“ 世界初演”する……そう想像するだけで、私は気高い音楽的感情に満たされ、“ドビュッシー が打ち立てた金字塔”に寄与する誇らしさで胸が一杯になります。 どう思われますか? お忙しいなか、このメッセージを読んでくださり、お返事をくださるであろうことに感謝しま す。あなたのご活動に対する私の敬愛の念を表しつつ、あなたの芸術にどれほど私が心動か されているのか、お伝えしたく思います。 心を込めて フィリップ·カサール 23 ナタリー·デセイ | フィリップ·カサール
24 OISEAUX DE PASSAGE (2010年9月12日——私〔カサール〕の48歳の誕生日——に留守番電話に残された以下のメッセージ を、私は今も大切に保管している) もしもし、フィリップ·カサールさん ナタリー·デセイです お返事が随分と遅くなってごめんなさい、 舞台の最中で時間が取れなかったんです。 申し訳ないけれど、お断りします。 あなたの企画に参加することはできません。 間違いなく興味深い企画ですし、 私としては、ドビュッシーの自筆譜に 喜んで目を通したく思います。 日取りを決めたいので、 ご都合の良い時にお電話ください。 でも私は歌いません。
25 NATALIE DESSAY ∙ PHILIPPE CASSARD 随分前に“歌曲”を歌うのは止めたんです。 好きじゃないの。 一台のピアノの前で、たった一人で歌うのが…… 私はオペラ歌手で、 演じるのが好きなんです。 それに、また歌曲のリサイタルをするなんて、 私には考えられません。 歌曲が得意な腕利きのソプラノ歌手たちなら 見事に歌ってくれるはずです、 もしよければ知り合いをご紹介します。 でも私は歌いません。 ごめんなさい 。 それではまた。
26 渡り鳥 10年後、私たちの100回目のリサイタルが間近に迫っていたとき、 ナタリーは私〔カサール〕に打ち明けてくれた——ドビュッシーの音 楽に新鮮でエキサイティングな眼差しを注げる歌手はナタリーだ けだと信じて疑わない私の執念と根気が、彼女の当初の拒絶を覆( くつがえ)したのだと。てっきり私は、彼女が歌曲を歌うことに不安 を抱いていて、オペラの活動に忙殺されているのだと思っていた。だ が、ナタリーは求められることを望んでいた。このドビュッシー·プロ ジェクトのために、世界中の誰よりも彼女を求めた私に、彼女は自 らの美の世界への扉を開いてくれたのだ。* *上記の文章は、フィリップ·カサール著『Par petites touches(』Paris: Mercure de France, 2022)からの抜粋である。出 版社のご厚意により、ここに再録する。
27 ナタリー·デセイ | フィリップ·カサール 当初、ドビュッシー、シャブリエ、フォーレ、デュパルク、ショーソンの歌曲に限られていた私た ちのレパートリーは、瞬く間に膨れ上がり、ルイーズ·ド·ヴィルモランの詩に基づくプーランク の歌曲集、フェリックス&ファニー·メンデルスゾーン、クララ·シューマン、ブラームス、ヴォル フ、R.シュトラウス、アルマ·マーラー、プフィッツナーのリート、ラフマニノフの歌曲などが加わ った。ウィーン楽友協会でのリサイタル——前半はオール·シューベルト·プログラム——を歌 い終えたナタリーが浴びた熱烈な喝采と絶賛は、私たちがシューベルト·アルバムを録音する きっかけとなった。 ナタリーは、私とのデュオでは“オペラのアリアは歌わない”というルールを設けた(「ふだん世 界最高峰のオーケストラと一緒にオペラを歌っているから、ピアノ伴奏でアリアを歌うことは しないの」)。それでも彼女は、ささやかな“規則違反”を犯して、モーツァルトの《フィガロの結 婚》の3役(スザンナ、バルバリーナ、伯爵夫人)を私の伴奏で歌ったり、意を決して、ピアノとオ ーケストラと共に演奏会用アリア《どうしてあなたを忘れられようか》を歌ったりもした。
28 渡り鳥 ナタリーは、ここ一番の大舞台で、この上ないオーラと輝きを放った——カーネギーホール( 彼女は現地メトロポリタン歌劇場の“ディーヴァ·アッソールタ〔最高の歌姫〕”だ!)、ウィーン 国立歌劇場(彼女に“宮廷歌手”の称号を贈った劇場)、パリ·オペラ座(彼女が1992年に《ホ フマン物語》のオランピア役で伝説的な名演を披露し、大喝采を浴びた劇場)、東京オペラシ ティ(私たち二人にとって世界で最も美しいコンサートホール)での、私たちの初のデュオ·リ サイタル……終演後には何百人ものファンたちが、彼女のサインを求めて、2時間、辛抱強く 長蛇の列に並んでいた。ナタリーの研ぎ澄まされた集中力と、アーティストとしての生来の鋭 敏な感性——それは常に豊かで、霊感と威厳に満ち、幾時間にも及ぶ練習ゆえに白熱状態 にあった——は、伴奏中の私に一度ならず鳥肌を立たせ、絶えず私の演奏の糧となった。 ナタリーは、私たちの通算135回目の公演で締めくくられる2025年の“さよならツアー”のた めに、自身が知り尽くし、常に愛情を寄せてきたアメリカ音楽にオマージュを捧げることを望 んだ。ジャズに目がないナタリーは(二人で夜にニューヨークのヴィレッジ·ヴァンガードやリ ンカーン·センターへ出かけたことを思い出す)、ミュージカル(二人で一緒にブロードウェイ でベット·ミドラー演じる《メリー·ポピンズ》を観た)やスティーヴン·ソンドハイムの作品(ナタ リーは2016年にパリのシャトレ座で《パッション》に出演した)を、こよなく愛してもいる。その ようなわけで、本盤とツアーのプログラムには、ソンドハイム、アンドレ·プレヴィン、ジャン·カル ロ·メノッティ、サミュエル·バーバーの作品が含まれている。
2010年からずっと、私たちはフランス歌曲と共に歩んできた。今回は、 バーバーがライナー·マリア·リルケのフランス語の詩に付曲した知られ ざる歌曲集《はかない歌》に加え、ショーソン、アーン、ベイツ、ラヴェル、 プーランクによる、鳥(ハチドリ、ナイチンゲール、鳩、カモメなど)にまつ わる珠玉の歌曲も取り上げる。さらにプーランクの《モンテカルロの女》 は、ナタリーの十八番の一つだ——ジャン·コクトーの秀逸で悲痛な詞 は、“女”の自死で締めくくられている。しかしながら、私たちの忠実な聴 衆の方々には、どうかご安心いただきたい。ナタリー·デセイとフィリップ· カサールは、二人の活動を、そのような悲劇で締めくくることはしない。 むしろ私たちは、どこまでも静かな“最後の和音”に包まれて、このデュオ にシンプルに別れを告げるつもりでいる。揺るがぬ友情という最も美し い模様を織りなすことになった、15年にわたる協働と挑戦。二人で分か ち合った喜びと迷い、そして数々の演奏会と旅。その幕は、ピアニッシモ とアモローソ〔愛情を込めて〕を伴うハ長調の和音と共に閉じられる。
André Previn (1929-2019) A Streetcar Named Desire (1997) ‘I want magic’ Text by Philip Littell Real! Who wants real? I know I don’t want it. I want magic! Magic! Yes! That’s what I want! That’s what I try to give to people. I do misrepresent things. I don’t tell the truth. But I tell what ought to be in the truth. What it ought to be. Yes, magic. Magic’s what I try to give to people. If that’s a sin, If that is such a sin, then let me be damned for it! (Mitch moves again to the light switch) Don’t turn on that light! It’ll all look so ugly in that light. Why not see by candlelight… or moonlight or by starlight? They are bright enough to see by. Sometimes too bright. 31 NATALIE DESSAY ∙ PHILIPPE CASSARD
Green finch and linnet bird Nightingale, blackbird How is it you sing? How can you jubilate sitting in cages Never taking wing? Outside the sky waits Beckoning, beckoning Just beyond the bars. How can you remain staring at the rain Maddened by the stars? How is it you sing anything? How is it you sing? Green finch and linnet bird Nightingale, blackbird How is it you sing? Whence comes this melody constantly [flowing? Is it rejoicing or merely hallooing? Are you discussing or fussing Or simply dreaming? Are you crowing? Stephen Sondheim (1930-2021) Sweeney Todd: The Demon Barber of Fleet Street (1979) ‘Green finch and linnet bird’ (Johanna’s song) Texte de Stephen Sondheim Are you screaming? Ringdove and robinet Is it for wages Singing to be sold? Have you decided it's safer in cages Singing when you're told? My cage has many rooms Damask and dark. Nothing there sings Not even my lark. Larks never will, you know, When they're captive. Teach me to be More adaptive Ah-h-h-h-h-h-h-h Green finch and linnet bird Nightingale, blackbird Teach me how to sing. If I cannot fly Let me sing. 32 OISEAUX DE PASSAGE
34 OISEAUX DE PASSAGE Gian Carlo Menotti (1911-2007) The Old Maid and the Thief (1939) Recitative and Aria of Laetitia Text by Gian Carlo Menotti What a curse for a woman is a timid man! A week has gone by He's had plenty of chances But he made no advances Miss Todd schemes and labors to get him some money She robs friends and neighbors, the club and the church. He takes all the money With a smile that entrances But still makes no advances The old woman sighs and makes languid eyes. All the doors are wide open All the drawers are unlocked! He neither seems pleased or shocked He eats and drinks and sleeps He talks of baseball and boxing But that is all! What a curse for a woman is a timid man!
35 NATALIE DESSAY ∙ PHILIPPE CASSARD Steal me, oh steal me, sweet thief For time’s flight is stealing my youth And the cares of life steal fleeting time. Steal me, thief, for life is brief and full of theft and strife. And then, with furtive step Death comes and steals time and life. O sweet thief, I pray make me glow Before dark death steals her prey. Steal my lips, before they crumble to dust Steal my heart, before death must. Steal my cheeks, before they're sunk and decayed. Steal my breath, before it will fade. Steal my lips, steal my heart, steal my cheeks, Steal, oh steal my breath And make me die before death will steal her prey. Oh steal me! For time's flight is stealing my youth.
37 NATALIE DESSAY ∙ PHILIPPE CASSARD Samuel Barber (1910-1981) Mélodies Passagères / Passing Songs (1950) Poème en langue française de / Prose poem (in French) by Rainer Maria Rilke N°1 : Puisque tout passe Puisque tout passe, faisons la mélodie passagère ; celle qui nous désaltère aura de nous raison. Chantons ce qui nous quitte avec amour et art ; soyons plus vite que le rapide départ. No.1: Since all things pass Since all things pass, let us make the song a passing one; the one that slakes our thirst will get the better of us. Let us sing of that which leaves us with love and art; let us be swifter than the rapid departure.
38 OISEAUX DE PASSAGE Le vert colibri, le roi des collines, Voyant la rosée et le soleil clair, Luire dans son nid tissé d'herbes fines, Comme un frais rayon s'échappe dans l'air. Il se hâte et vole aux sources voisines, Où les bambous font le bruit de la mer, Où l'açoka rouge aux odeurs divines S'ouvre et porte au cœur un humide éclair. Vers la fleur dorée, il descend, se pose, Et boit tant d'amour dans la coupe rose, Qu'il meurt, ne sachant s'il l'a pu tarir ! Sur ta lèvre pure, ô ma bien-aimée, Telle aussi mon âme eût voulu mourir, Du premier baiser qui l'a parfumée. Ernest Chausson (1855-1999) Le Colibri / The hummingbird, op.2 n°7(1882) Poème de / Poem by Leconte de Lisle
39 NATALIE DESSAY ∙ PHILIPPE CASSARD The green hummingbird, king of the hills, Seeing the dew and the bright sunlight Gleaming in his nest woven from fine grass, Like a cool ray of light flutters into the air. He hurries off and flies to nearby springs Where the bamboos sound like the sea, Where the red hibiscus with its divine scents Unfolds, revealing the moist glint at its heart. He descends and settles on the golden flower, And drinks so much love from its pink cup That he dies, not knowing if he has been able to drain it! On your pure lips, O my beloved, My soul too would have wished to die thus From that first kiss which perfumed it.
41 NATALIE DESSAY ∙ PHILIPPE CASSARD Ô premier rossignol qui viens Dans les lilas, sous ma fenêtre, Ta voix m'est douce à reconnaître ! Nul accent n'est semblable au tien ! Fidèle aux amoureux liens, Trille encor, divin petit être ! Ô premier rossignol qui viens Dans les lilas, sous ma fenêtre ! Nocturne ou matinal, combien Ton hymne à l'amour me pénètre ! Tant d'ardeur fait en moi renaître L'écho de mes avrils anciens, Ô premier rossignol qui viens ! Reynaldo Hahn (1874-1947) Le Rossignol des lilas / The Nightingale amid the Lilacs (1913) Poème de / Poem by Léopold Dauphin O first nightingale to come To the lilacs, beneath my window, It is sweet to me to recognise your voice! There is no song like yours! Faithful to the bonds of love, Trill on, divine little creature! O first nightingale to come To the lilacs, beneath my window! At night or in the morning, how deeply Your hymn to love affects me! Such ardour reawakens in me The echo of my Aprils long past, O first nightingale to come!
42 OISEAUX DE PASSAGE Trois beaux oiseaux du Paradis Mon ami z-il est à la guerre Trois beaux oiseaux du Paradis Ont passé par ici. Le premier était plus bleu que le ciel, (Mon ami z-il est à la guerre) Le second était couleur de neige, Le troisième rouge vermeil. "Beaux oiselets du Paradis, (Mon ami z-il est à la guerre) Beaux oiselets du Paradis, Qu'apportez par ici ?" Maurice Ravel (1875-1937) Trois beaux oiseaux du Paradis (1914) Three Lovely Birds of Paradise Poème de / Poem by Maurice Ravel "J'apporte un regard couleur d'azur (Ton ami z-il est à la guerre)" "Et moi, sur beau front couleur de neige, Un baiser dois mettre, encore plus pur." Oiseau vermeil du Paradis, (Mon ami z-il est à la guerre) Oiseau vermeil du Paradis, Que portez-vous ainsi ? "Un joli cœur tout cramoisi" Ton ami z-il est à la guerre "Ha! je sens mon cœur qui froidit... Emportez-le aussi."
43 NATALIE DESSAY ∙ PHILIPPE CASSARD Three lovely birds of paradise (My lover has gone to the wars), Three lovely birds of paradise Passed this way. The first was bluer than the sky (My lover has gone to the wars), The second was the colour of snow, The third bright red. ‘Lovely little birds of paradise (My lover has gone to the wars), Lovely little birds of paradise, What are you bringing here?’ ‘I bring a bright blue gaze (Your lover has gone to the wars)’; ‘And I, on your lovely snow-white brow, Must place a kiss that is purer still.’ ‘Bright red bird of paradise (My lover has gone to the wars), Bright red bird of paradise, What are you bringing there?’ ‘A pretty heart all crimson (Your lover has gone to the wars).’ ‘Ah, I feel my heart grow cold . . . Bear it away with you too.’
44 OISEAUX DE PASSAGE N°1 : La Colombe poignardée (1948) Si Dieu n'avait pas fait le soleil et les mondes, Il n'y aurait pas eu les douleurs, ni ma blonde. Pas de coups, de sang rouge et ni ma bien-aimée . . . Il n'y aurait sur terre colombe poignardée. Si Dieu n'avait pas fait la lune et les orages, Il n'y aurait pas eu de pleurs aux doux visages, Ni de couteau farouche et ni ma bien-aimée . . . Il n'y aurait sur terre colombe poignardée. . . Si Dieu n'avait pas fait les jours après le jour, Il n'y aurait pas eu d'amour, ni mon amour ! Il n'y aurait sur terre colombe poignardée. Et ni, Seigneur ! ma bien-aimée. Louis Beydts (1896-1953) Chansons pour les oiseaux / Songs for Birds Poème de / Poem by Paul Fort
45 NATALIE DESSAY ∙ PHILIPPE CASSARD No.1: The Stabbed Dove (1948) If God had not made the sun and the worlds, There would have been no pain, nor my girl. No stabbings, no red blood, nor my beloved . . . There would be no stabbed dove on earth. If God had not made the moon and the storms, There would have been no tears on gentle faces, No savage knife, nor my beloved . . . There would be no stabbed dove on earth . . . If God had not made the days that follow day, There would have been no love, nor my love! There would be no stabbed dove on earth. Nor, Lord, my beloved!
48 OISEAUX DE PASSAGE N°1 : Reine des mouettes Reine des mouettes, mon orpheline Je t'ai vue rose, je m'en souviens Sous les brumes mousselines De ton deuil ancien. Rose d'aimer le baiser qui chagrine Tu te laissais accorder à mes mains Sous les brumes mousselines Voiles de nos liens. Rougis, rougis mon baiser te devine Mouette prise aux nœuds des grands chemins. Reine des mouettes, mon orpheline, Tu étais rose accordée à mes mains Rose sous les mousselines Et je m'en souviens. Francis Poulenc (1899-1963) Métamorphoses (1944) Poème de / Poem by Louise de Vilmorin
49 NATALIE DESSAY ∙ PHILIPPE CASSARD No.1: Queen of Seagulls Queen of seagulls, my orphan girl, I have seen you blushing pink, I remember, Beneath the muslin mists Of your former grief. Pink because you loved the kiss that disturbed you, You yielded to my hands Beneath the muslin mists, The veils of our bond. Blush, blush, my kiss finds you out, Seagull caught at the meeting of the great highways. Queen of seagulls, my orphan girl, You were pink, yielding to my hands, Pink beneath the muslin, And I remember.
50 OISEAUX DE PASSAGE Quand on est morte entre les mortes, Qu'on se traîne chez les vivants, Lorsque tout vous flanque à la porte Et la ferme d'un coup de vent, Ne plus être jeune et aimée... Derrière une porte fermée, Il reste de se fiche à l'eau Ou d'acheter un rigolo. Oui Messieurs, voilà ce qui reste Pour les lâches et les salauds. Mais si la frousse de ce geste S'attache à vous comme un grelot, Si l'on craint de s'ouvrir les veines, On peut toujours risquer la veine D'un voyage à Monte-Carlo. Monte-Carlo, Monte-Carlo. J'ai fini ma journée. Je veux dormir au fond de l'eau. De la Méditerranée. Après avoir vendu votre âme Et mis en gage des bijoux La Dame de Monte-Carlo Texte de / Text by Jean Cocteau (1961) Que jamais plus on ne réclame, La roulette est un beau joujou. C'est joli de dire : "je joue". Cela vous met le feu aux joues Et cela vous allume l'œil. Sous les jolis voiles de deuil On porte un joli nom de veuve. Un titre donne de l’orgueil ! Et folle, et prête, et toute neuve, On prend sa carte au casino. Voyez mes plumes et mes voiles, Contemplez le strass de l'étoile Qui me mène à Monte-Carlo. La chance est femme. Elle est jalouse De ces veuvages solennels. Sans doute elle m'a cru l'épouse D'un véritable colonel. J'ai gagné, gagné sur le douze. Et puis les robes se décousent, La fourrure perd ses cheveux. On a beau répéter : "je veux",
51 NATALIE DESSAY ∙ PHILIPPE CASSARD Dès que la chance vous déteste, Dès que votre cœur est nerveux, Vous ne pouvez plus faire un geste, Pousser un sou sur le tableau Sans que la chance qui s'écarte Change les chiffres et les cartes Des tables de Monte-Carlo. Les voyous, les buses, les gales ! Ils m'ont mise dehors... dehors... Et ils m'accusent d'être sale, De porter malheur dans leurs salles, Dans leurs sales salles en stuc. Moi qui aurais donné mon truc À l'œil, au prince, à la princesse, Au Duc de Westminster, au Duc, Parfaitement. Faut que ça cesse, Qu'ils me criaient, votre boulot ! Votre boulot !... Ma découverte. J'en priverai les tables vertes. C'est bien fait pour Monte-Carlo. Monte-Carlo. Et maintenant, moi qui vous parle, Je n'avouerai pas les kilos Que j'ai perdus à Monte-Carle, Monte-Carle ou Monte-Carlo. Je suis une ombre de moi-même... Les martingales, les systèmes Et les croupiers qui ont le droit De taper de loin sur vos doigts Quand on peut faucher une mise. Et la pension où l’on doit Et toujours la même chemise Que l'angoisse trempe dans l'eau. Ils peuvent courir. Pas si bête. Cette nuit je pique une tête Dans la mer de Monte-Carlo. Monte-Carlo.
52 OISEAUX DE PASSAGE When you’re dead among the dead, When your life is dragging on among the living, When everything throws you out of the door And the wind slams it shut, When you’re not young and loved any more, Behind a closed door, All you can do is chuck yourself into the water Or buy a revolver: Yes, gentlemen, that’s what’s left For cowards and bastards. But if your funk at doing that Puts the wind right up you, If you’re scared to slit your wrists, You can always try your luck With a trip to Monte Carlo. Monte Carlo, Monte Carlo. I’ve had my day; I want to sleep at the bottom of the sea. Of the Mediterranean. After you’ve sold your soul And pawned your jewellery That you never go back to redeem, Roulette is a lovely little game. It’s amusing to say: ‘I gamble’. It puts the colour in your cheeks And lights up your eyes. Under the pretty mourning veils, You bear a pretty widow’s name. A title makes you proud! And crazy, and all ready, and as good as new, You pick up your card at the Casino. Just look at my feathers and my veils, Have a good look at the sequins on the star That brings me to Monte Carlo. Luck is a lady. She’s jealous Of all these solemn widowhoods She must have thought I was the wife Of a real colonel. I won, I won on the twelve. And then your dresses come apart at the seams, The fur coat loses its hair. Even if you keep repeating ‘I wish’,
53 NATALIE DESSAY ∙ PHILIPPE CASSARD Once your luck is out, Once your heart’s all aflutter, You can’t make a single move Or push a coin on the table Without your luck that’s running out Changing the numbers and the cards On the tables in Monte Carlo. The louts! The idiots! The swine! They threw me out – out! – And they’re accusing me of being a jinx, Of bringing bad luck on their saloons, Their filthy stucco saloons, Me, who would have given my system Gratis, to the Prince, to the Princess, To the Duke of Westminster, to the Duke, Absolutely. ‘It’s got to stop,’ They shouted after me, ‘this business of yours.’ This business of yours? My discovery! I won’t let the green tables in on it. It serves you right, Monte Carlo, Monte Carlo. And now, I whom am talking to you, I won’t admit to you how much weight I’ve lost in Monte-Carle, Monte-Carle or Monte Carlo. I’m a mere shadow of myself . . . The martingales, the systems And the croupiers who’re allowed To rap your knuckles from a distance When you can pinch your stake back. And your lodgings you still owe for And always the same nightgown That your panic soaks for you. They can go whistle. I’m no fool. Tonight I’ll dive head first Into the sea at Monte Carlo, Monte Carlo.
55 Le Couvent des Dominicains Le Couvent des Dominicains, situé à Guebwiller, au pied des Vosges, est un haut lieu du patrimoine d'Alsace à l’architecture gothique du XIVe siècle. Aujourd’hui ce n’est plus un lieu religieux mais un Centre culturel de rencontre dédié à la musique, aux arts numériques et à la performance. Le Couvent dispose de plusieurs salles de concert, dont une Nef de 500 places à l’acoustique exceptionnelle, un Réfectoire d’été qui abrite un Cabaret, le « Sorgenfrei » et un club tantôt de jazz ou boîte de nuit au sous-sol. Résolument ancré dans son temps, le Couvent héberge un laboratoire de création audiovisuelle qui produit chaque année des décors numériques qui subliment la programmation. Il a également développé une spécialisation unique à l’échelle internationale, celle de la création géodésique. Du metal au classique, de la musique du monde au jazz, de la musique populaire à l’électro, la programmation qui s’étend sur toute l’année cultive un vœu de diversité et défend l’ouverture d’esprit, la liberté d’expression et le respect de chacun. Le Couvent est une propriété de la Collectivité européenne d’Alsace.
56 The Couvent des Dominicains The Couvent des Dominicains (Dominican Convent) of Guebwiller lies at the foot of the Vosges mountains. With its fourteenth-century Gothic architecture, it is one the key landmarks of Alsace’s heritage. Today it no longer has a religious vocation, but serves as a Heritage Site for Culture (Centre culturel de rencontre) devoted to music, digital arts and performance. Le Couvent has several concert spaces, including the 500-seat auditorium La Nef (Nave) which boasts outstanding acoustics, the Réfectoire d’Été (Summer refectory) which houses a cabaret known as ‘Au Sorgenfrei’ (Carefree), and a basement that doubles as jazz club and nightclub. Firmly anchored in its time, Le Couvent possesses an audiovisual creation laboratory that produces digital settings to enhance its programming each year. It has also developed a speciality that is unique on an international scale: geodesic dome creation. From metal to classical, world music to jazz, folk music to electro, the year-round programmes cultivate an urge for diversity and promote an open-minded attitude, freedom of expression and respect for all. Le Couvent is owned by the Collectivité Européenne d'Alsace.
57 ドミニコ会修道院 ドミニコ会修道院は、ヴォージュ山脈のふもとゲブヴィレールに位置しており、そのゴシッ ク建築(14世紀)ゆえに、アルザス地方の重要な史跡の一つとみなされている。現在は宗 教施設としての役割は担っておらず、音楽、デジタル·アート、パフォーマンスに特化した文 化施設として複数のホールを提供している。500席の“Ne(f 身廊)”は優れた音響を誇る オーディトリウムであり、“Réfectoire d’Été(夏期食堂)”は、“Au Sorgenfre(i気ま ま)”と名づけられたキャバレーを擁する。また地下は、ジャズ·クラブ兼ナイト·クラブとして 使用されている。 現代に確(しか)と根ざす文化施設として、視聴覚クリエーション·ラボも有しており、毎年デ ジタル·インスタレーションの製作をとおして種々の演目を引き立てている。また同ラボで展 開されているジオデシック·ドーム製作は、世界でも稀な取り組みである。 ヘヴィメタルからクラシックまで、ワールド·ミュージックからジャズまで、ポップスからエレク トロ·ミュージックまで、多岐にわたるプログラミングは、年間を通じて多様性の芽を育み、 開かれた精神、表現の自由、互いへのリスペクトを奨励している。 現在、アルザス欧州自治体(CeA)により所有されている。
℗ La Prima Volta 2024 © La Dolce Volta 2025 Enregistrement réalisé à Guebwiller, dans la Nef du couvent des Dominicains, propriété de la Collectivité européenne d’Alsace du 16 au 20 septembre 2024 Direction de la production : La Dolce Volta Prise de son, montage, mastering : Frédéric Briant Direction artistique : Dominique Daigremont Préparation du piano Steinway D-274 : Alain Genestoux (Piano Concept) Textes : Philippe Cassard (extraits du livre « Par petites touches », avec l’aimable autorisation des éditions Mercure de France) Traduction et relecture : Charles Johnston (GB) & Kumiko Nishi (JP) Photographies : © Lyodoh Kaneko, Stéphane Gaudion Avec le soutien du Centre Culturel de Rencontre Les Dominicains de Haute-Alsace, France © La Prima Volta pour l’ensemble des textes et des traductions Réalisation graphique : Stéphane Gaudion (lechienestunchat.com) ladolcevolta.com LDV150
English commentary inside 日本語解説付 Total Timing: 30'26 Made in Czech Republic Oiseaux de passage Natalie Dessay ∙ Philippe Cassard André Previn ‘I want magic’ (A Streetcar Named Desire) Stephen Sondheim ‘Green finch and linnet bird’ (Sweeney Todd: The Demon Barber of Fleet Street) Gian Carlo Menotti ‘What a curse for a woman – Steal me, thief’ (The Old Maid and the Thief) Samuel Barber Puisque tout passe (Mélodies passagères op.27 n°1) Ernest Chausson Le Colibri, op.2 n°7 Reynaldo Hahn Le Rossignol des lilas Maurice Ravel Trois beaux oiseaux du Paradis Louis Beydts La Colombe poignardée (Chansons pour les oiseaux, n°1) Francis Poulenc Reine des mouettes (Métamorphoses FP 121 n°1) La Dame de Monte-Carlo
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