LDV148

7 MICHEL DALBERTO Contrairement aux pays germaniques qui ne subirent pas de rupture entre classicisme et romantisme, la Révolution française brisa net une continuité esthétique de la musique nationale. Le nouveau régime installa au pouvoir une bourgeoisie avide de s’approprier les plaisirs d’une aristocratie dont elle ne détenait pas les codes intellectuels et esthétiques. En quelques décennies, le virtuose perdit son statut de savant pour celui d’un habile exécutant. Tout au long du XIXe siècle, la critique - Stendhal, Baudelaire, Berlioz, le chroniqueur et Flaubert, entre autres - se délecta des fausses valeurs tout en admirant les performances athlétiques. Le « sportif » supplanta le créateur. La force physique, l’endurance, l’agilité s’imposèrent aux jeux de l’esprit. Pour forcer le trait, le virtuose, cet homme de vertus effacées ne distingua plus le Bien du Mal…

RkJQdWJsaXNoZXIy OTAwOTQx