6 CON ELEGANZA Vous les jouez dans leur succession chronologique, presque d’un seul tenant… Il me semble qu’ils sont nés d’un unique élan créatif, se suivant de près dans leur composition. Ils se rejoignent dans le traitement gracieux des courbes de leurs lignes, de leurs rythmes, de leurs harmonies. Tenant ainsi très bien ensemble, il m’a semblé cohérent et opportun de leur offrir la dimension d’un grand cycle. Achevée en 1898, la Sonate n°3 est postérieure à ces Impromptus. Vous ouvrez votre récital avec elle. Pour quelle raison ? L’ébranlement puissant de ses octaves dans le grave du piano impose d’emblée l’écoute. Le début de son mouvement Drammatico ne laisse pas le choix : ses premières mesures contiennent un appel d’une force irrépressible que je ressens comme l’expression d’un questionnement existentiel, d’une détresse profonde. Ayant une véritable addiction pour cette Sonate, ouvrir ce récital avec elle a été pour moi une façon de poser un acte fort d’où découlerait la suite de son programme. Elle offre un éclairage particulier aux Impromptus qui lui succèdent. Après l’épopée de cette grande œuvre, ils n’apparaissent plus dans une forme de superficialité, ne peuvent plus être considérés comme accessoires, et apportent une présence rafraîchissante pour le cœur et l’esprit.
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