7 FLORIAN NOACK À Paris, on se dandine, ceinturé de bananes ou déhanché sans pudeur ; les danseuses s’époumonent et libèrent l’énergie gagnée grâce aux machines : Victoire ! crient les ménagères : le grille-pain-toaster fait son entrée dans la cuisine, les premières machines à laver tournent à plein régime. Le réfrigérateur n’est plus très loin. Loin des élites, dans les bouges, on se retrouve autour du « poste », les yeux rivés sur l’appareil qui diffuse Radio Tour Eiffel ou Radiola. Des voix vont naître pour tout le monde : Mistinguett, Maurice Chevalier. Ces gens-là dessinent Paris pour le monde entier. Des voix pour tous. Qui vous le chantent en crépitant : Dans la vie, faut pas s’en faire ; Paris sera toujours Paris. Les disques tournent vite : soixante-dix-huit tours par minute. Une seule chanson par face. Juste le temps d’aller se servir à boire avant de retourner la gomme-laque. Et partout on danse, parce que Paris est une fête. Partout on boit, on refait le monde, on mélange les genres, on se rencontre ; les artistes hantent La Coupole, La Rotonde et La Closerie des Lilas.
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