6 TALES OF THE JAZZ AGE Ils boivent tous et dur : Fitzgerald, Hemingway, et Joyce, l’Irlandais. Ils boivent aussi parce que Paris est une fête. Une fête provisoire, chacun le sait d’intuition sans jamais vraiment le dire, parce que la dernière guerre est si proche, et que les germes de la suivante sont déjà menaçants. Mais avant de craindre et de se battre, on va faire la fête. Et pour ces Américains soiffards, on va faire la fête suffisamment loin de l’Amérique où l’on ne peut plus s’envoyer la moindre bière, sinon à la commander aux sous-fifres d’Al Capone. Tout paraît tellement paradoxal en Amérique : les femmes s’habillent en hommes, elles fument la cigarette, elles votent depuis 1920 ; la jeunesse se rebelle, elle parle de sexualité, elle effarouche les puritains qui, comme toujours, voient la morale menacée par la décadence de ces Roaring Twenties. La jeunesse danse, elle offusque les prudes et les bigots à coups de charleston et de jazz, ce jazz qui contamine les populations en se répandant comme une bactérie à travers les émissions de radio qui portent de plus en plus loin. Ces danses s’échappent et font le bond de l’Atlantique, jusqu’à Paris ! L’Amérique du jazz trouve à Paris l’écrin de la liberté d’expression.
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