12 BRAHMS ∙ TRIOS POUR PIANO, VIOLON ET VIOLONCELLE Il s’écoule vingt-sept ans entre la composition du Premier Trio, fougueuse œuvrefleuve de jeunesse, et celle du Deuxième, l’opus 87… Brahms a alors près de cinquante ans. Comment a évolué son écriture ? Pauline : La structure classique du trio faisant dialoguer trois instruments est peu représentative de l’opus 87. Celui-ci a exigé de nous une approche différente. Il n’a nulle part cette longue ligne de chant qui traverse chacun des deux autres. Il n’a rien de vocal dans l’écriture, les intervalles y sont souvent très grands. Il n’arrive à aucun des instruments de chanter seul. Peut-être vient-il moins du cœur que de l’esprit. Ainsi fragmenté intérieurement, il est aussi d’un format plus resserré. On n’y trouve pas l’élan du Premier Trio : il commence par un unisson aux cordes, sans le piano, ce qui est totalement inhabituel et déroutant. Fanny : Dans ce trio, Brahms semble prendre davantage de distance émotionnelle. Son écriture a évolué vers une plus grande sophistication, sa construction vers davantage de concision. Pour ce qui est de ma partie, elle n’est pas très violonistique ! La travailler seule n’a pas été évident tant il y a d’interdépendance entre les instruments. Sa construction repose sur des éléments imbriqués comme des Lego. Il ne faut jamais perdre de vue l’image sonore globale. Angèle : C’est le trio le plus fusionnel qui existe dans l’écriture des cordes. Sa tonalité est particulièrement étonnante : Brahms choisit celle de Do majeur, la plus simple qui soit, mais à partir de celle-ci, il écrit le trio le plus complexe qui soit !
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