12 NOTTURNO Szymanowski compose La Berceuse d’Aïtacho Enia en 1925. D’où vient ce titre mystérieux ? Eva Zavaro : Il s’agit du nom basque d’une villa de Saint-Jean-de-Luz où Szymanowski séjourne cette année-là. Épuisé par le travail et par sa vie mondaine mouvementée, il part s’y reposer. Pour remercier son hôte, la philanthrope américaine Dorothy Jordan Robinson, il lui offre et lui dédie cette Berceuse. J’ai voulu montrer une facette plus moderniste et plus grinçante de son écriture, en opposition avec la Berceuse de Fauré qui est toute de douceur et de tendresse. Clément Lefebvre : Cette Berceuse diffuse une lueur inquiétante, trouble, presque cauchemardesque. Je ne la choisirais pas pour endormir mes enfants ! Elle n’est nullement apaisante, contrairement aux allégations de son auteur qui la présente comme un « morceau joli, tout de charme et de simplicité ». Son écriture est épurée, décantée. La fin, sorte de choral, apporte la sérénité que l’on n’a pas trouvée auparavant.
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