9 EVA ZAVARO, CLÉMENT LEFEBVRE L’atmosphère se détend-elle dans l’Andante qui suit ? Clément Lefebvre : À l’intérieur de cet Andante, on finit par ne plus savoir où le flux musical prend sa source, ni où il s’achève, il y a une dilution des phrases. Chaque harmonie est une surprise et ouvre toutes les perspectives possibles aux suivantes. Cette musique n’est jamais conclusive. On n’y trouve aucune sensation de repos. Le chant du violon semble infini, se déploie sur une grande étendue mystérieuse. Il faut aller à la rencontre de ce mouvement, apprivoiser ses étrangetés, entrer dans son atmosphère quasi religieuse. Quand il se termine, le sentiment de paix advient rétrospectivement. On le perçoit alors dans sa globalité. Il nous a fait traverser des épisodes de tendresse, de recueillement. C’est un cheminement, une errance dépourvue d’inquiétude, après le tumulte de l’Allegro initial. Le thème de son finale serait issu de la mélodie « L’hiver a cessé », de son cycle de mélodies La Bonne Chanson. Eva, n’y a-t-il pas là un message ? Eva Zavaro : Probablement, dans la mesure où, au crépuscule de sa vie, Fauré est resté un homme très jeune de caractère. Il a conservé jusqu’à sa disparition cette jouissance de la vie, cette verdeur d’esprit, mâtinée de sérénité. Il y a en effet quelque chose de bourgeonnant dans ce finale, un renouveau, un regain.
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