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7 EVA ZAVARO, CLÉMENT LEFEBVRE Eva, pourquoi n’avoir pas choisi sa Première Sonate, afin de mettre en miroir deux de leurs grandes œuvres de jeunesse ? Eva Zavaro : J’ai voulu mettre en exergue les évolutions stylistiques des deux compositeurs au fil de leurs vies créatrices en proposant la découverte d’œuvres rarement entendues de la jeunesse et de la maturité. Elles présentent des facettes de leurs styles respectifs que l’on connaît moins. Clément, comment avez-vous abordé les différences stylistiques creusées par le temps entre une sonate de jeunesse, celle de Szymanowski, et une sonate écrite au soir d’une vie, celle de Fauré ? Clément Lefebvre : Il y a des particularités que le jeu pianistique doit prendre en compte : la Sonate de Szymanowski a ce souffle, cette éclatante immédiateté qui permet d’avoir un rapport intuitif et spontané à cette œuvre. Elle a des carrures claires, le violon est brillant, l’écriture pianistique très dense et orchestrale. On y décèle des influences germaniques, celles de Brahms et de Richard Strauss. L’approche de la Deuxième Sonate de Fauré se situe à l’opposé. C’est une œuvre qui résiste et n’autorise ni la complaisance ni le confort de jeu pour l’interprète, ni même celui de l’écoute. Nous sommes très loin de l’image salonnarde dont on affuble trop facilement sa musique qui n’est pas d’eau tiède.

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