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8 FAURÉ ∙ NOCTURNES Le Onzième Nocturne est à ce titre très particulier… Son ton est élégiaque. Fauré l’a dédié à la mémoire de Noémi Lalo, la jeune épouse du critique Pierre Lalo décédée prématurément. Sa tonalité peu commune lui donne sa couleur tragique. Son écriture sobre, hiératique, laissant place aux silences, révèle une émotion contenue et intense. Remontons le cours et revenons au Septième Nocturne à la sombre tonalité de Do dièse mineur : il semble annoncer le dépouillement à venir… Il est quasi funèbre. Par son rythme douloureux, son début me fait penser à une procession. Peu mélodique, il est traversé par la résignation, puis la colère, le déchirement. Après un épisode lyrique empruntant au romantisme, son atmosphère sombre et pesante s’allège dans la coda par la magie de l’enharmonie, un procédé typiquement fauréen : la tonalité de Do dièse mineur se mue en Ré bémol majeur, l’âpreté laissant place à la douceur et la consolation par ce génial tour de passe-passe.

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