LDV125

6 FAURÉ ∙ NOCTURNES Que doivent au romantisme ces Nocturnes composés en grande partie à la fin du dix-neuvième siècle ? On rencontre dans certains des Nocturnes une digitalité apparentée à celle de Chopin. Je pense aux tout premiers mais aussi aux réminiscences romantiques du centre du Cinquième Nocturne, et au souffle lyrique du passage « Allegro » du Septième Nocturne. Cependant l’influence germanique, celle de Schumann, est selon moi davantage perceptible. Au début du Sixième Nocturne, l’ambivalence binaire-ternaire ne rappelle-t-elle pas l’écriture schumannienne ? Son usage récurrent de la syncope, du contre-temps également ! Fauré et Schumann ont pour moi la faculté de faire oublier le temps qui passe. L’un et l’autre ont une façon comparable de suspendre le temps dans l’instant. La composition des Nocturnes s’étale sur près d’un demi-siècle. Ils ont traversé la jeunesse, puis la maturité et enfin l’extrême vieillesse de Gabriel Fauré. Le Premier date de 1875. Le Treizième, son ultime pièce pour piano, de 1921. Dans la même temporalité, il écrit ses treize Barcarolles. Y a-t-il une parenté, un lien entre ces pièces ? Les Nocturnes et les Barcarolles peuvent apparaître comme des doubles. La composition d’une barcarolle suit souvent de près celle d’un nocturne, ou viceversa. Il y a cependant assez peu de distinction de genre entre ces pièces. La Première Barcarolle aurait pu porter le titre de nocturne, et le Douzième Nocturne par le rythme chaloupé de son écriture ternaire aurait pu trouver sa place parmi les Barcarolles, tout comme le Quatrième.

RkJQdWJsaXNoZXIy OTAwOTQx