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10 CHAUSSON, RAVEL ∙ TRIOS POUR PIANO, VIOLON ET VIOLONCELLE Prenons le premier mouvement, Modéré . Comment restituer cette onde mystérieuse, cette fausse ingénuité qui le traverse ? Nathan Mierdl : Idéalement, en effet, cela devrait paraître ingénu… Et il faut d’ailleurs travailler cette musique avec la plus grande humilité. Laure-Hélène Michel : Peut-on faire abstraction de la période de la composition ? Nous sommes au tout début de la Première Guerre mondiale et Ravel va tenter de s’engager à plusieurs reprises. Est-ce que Ravel ne pense pas cette partition comme probablement la dernière de son existence, comme un instant de répit avant le combat ? Victor Metral : Plus on avance dans son étude et l’interprétation, plus on mesure à quel point cette musique est dense. La difficulté consiste à en préserver la simplicité et le caractère presque dansant. Il faut éclairer les voix prioritaires, le thème principal qui circule de l’un à l’autre et se métamorphose sans que l’auditeur s’en aperçoive. Ravel s’ingénie à le dissimuler et seule une analyse approfondie dénoue les pièges que nous tend le compositeur. Quant à l’écriture pour le piano… Elle est digne, dans certains passages – je pense à Pantoum et au Final –, du Scarbo de Gaspard de la nuit ! Laure-Hélène Michel : C’est l’un des trios les plus orchestraux de toute la musique de chambre. Certains passages donnent l’illusion de la masse orchestrale alors que nous ne sommes que trois sur scène !
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