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8 CHAUSSON, RAVEL ∙ TRIOS POUR PIANO, VIOLON ET VIOLONCELLE Trente-trois ans après cette partition de Chausson, Ravel achève, en 1914, son unique Trio . Qu’est-ce qui, de votre point de vue, a évolué dans l’esthétique de la musique française ? Nathan Mierdl : Le passage de Fauré ! Je pense qu’il a permis, en quatre décennies, la transformation de la musique française. Non point que son harmonie ait été plus simple – c’est même le contraire qui se produit dans ses œuvres tardives de musique de chambre – mais il a apporté à l’écriture, une sorte de fluidité, une lumière éclairant un contrepoint puisé au souvenir des formes anciennes du Grand Siècle. Entre Saint-Saëns et Debussy ainsi que Ravel, Fauré catalyse cette profonde mutation, alternative à la pensée musicale germanique. Laure-Hélène Michel : Ce fut le projet de la Société nationale de musique créée au lendemain de la défaite de Sedan, en 1870 : imaginer une autre voie pour échapper à la symphonie romantique. Victor Metral : On pourrait même ajouter que le retour aux formes anciennes fut une constante et un paradoxe à toutes les époques – songez à l’emploi de la forme fuguée chez Beethoven et Brahms – afin de stimuler un nouvel élan créateur.

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