8 PIANO TWINS Faut-il prendre ses distances par rapport aux versions orchestrales quand on joue, au piano, des œuvres aussi célèbres que La Mer, La Valse et le Prélude à l’après-midi d’un faune ? Wilhem Latchoumia : J’ai toujours pensé qu’il fallait s’inspirer de l’orchestre pour ensuite le magnifier et imaginer d’autres timbres. Évoquer la flûte dans le Prélude à l’après-midi d’un faune, par exemple, c’est chercher une certaine légèreté dans le toucher et surtout inventer, au piano, une sonorité spécifique. Finalement, avec la transcription, on crée un nouvel orchestre, différent de l’original, on est dans la conception et non l’imitation. Vanessa Wagner : Il faut avoir à l’esprit qu’un piano ne sonnera jamais comme un orchestre et que, par conséquent, la pièce n’est plus la même lorsqu’elle est jouée à deux claviers. La transcription lui confère une autre dimension, peut faire ressortir des éléments que la masse orchestrale ne nous permet pas forcément de distinguer ou, au contraire, en atténuer d’autres. En maniant l’art du compromis, on parvient ainsi à concevoir une œuvre vraiment originale. Cela se traduit également dans le choix des tempi qui diffèrent parfois d’une version à l’autre, dans la mesure où ils ne fonctionnent pas de la même façon au piano qu’avec 120 musiciens. Wilhem Latchoumia : C’est cette recherche de nouveaux éclairages qui nous a conduits à jouer la remarquable transcription pour deux pianos, réalisée par Caplet de La Mer et non la version à quatre mains de Debussy. Ce dernier considérait d’ailleurs celle de son ami comme la plus réussie.
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