LDV117
6 POULENC ∙ STRAVINSKY ∙ PROKOFIEV Pourriez-vous évoquer l’association acoustique de vos deux instruments ? David Grimal : Le pianiste doit souvent faire patte de velours, dans une idée de soutienet desymbiose.Certainsgrandspianistessont depiètresaccompagnateurs. J’ai parfois joué en concert avec de très grands pianistes, mais en ayant perdu quelques litres d’eau en vain, écrasé par le son du piano. Le piano moderne est plus adapté au Troisième Concerto de Rachmaninov qu’à un récital avec un autre instrument. D’un autre côté, certains accompagnateurs ne sont pas des pianistes suffisamment solides, et dans les grandes sonates, la partie du piano n’est pas un simple accompagnement. C’est là que résident toute la subtilité et tout l’art d’un musicien comme Itamar : la capacité d’envoyer des sonorités prodigieuses de son piano, tout en restant dans un dialogue équilibré. Itamar Golan : David est venu me voir à l’entracte d’un concert à Bucarest en me demandant si je ne jouais pas trop fort, et il avait raison ! C’est le danger d’un pianiste qui peut « tuer » un violoniste, et puis avec l’âge, on devient un peu sourd, on ne s’en rend même pas compte et on se met à jouer plus fort ! (rires) Mais ce n’est pas qu’une histoire de volume sonore, il faut se compléter l’un l’autre. Le son du violon doit fleurir sur le terreau du piano.
RkJQdWJsaXNoZXIy OTAwOTQx