LDV113-4
9 MICHEL BOUVARD Faites-vous un parallèle entre l’écriture pour orgue de Franck et son legs pianistique et orchestral ? Oui, bien sûr. On retrouve des procédés d’écriture, parfois les mêmes contrastes, dans la Sonate pour violon et piano, le Quintette, la Symphonie en Ré mineur… On a dit que Franck faisait sonner l’orgue comme un orchestre, et l’orchestre comme un orgue. Magnifique pianiste, Franck n’était sans doute pas un orchestrateur-né comme Saint-Saëns, ou comme le sera un Ravel pour une tout autre musique. Mais ça ne me gêne pas. Son esthétique est avant tout empreinte de profondeur et d’intériorité, les « effets » ne devaient pas être sa préoccupation première. En revanche, son œuvre demeure admirable par la fusion de deux cultures complémentaires : sa formation germanique rigoureuse et un certain « esprit français » d’improvisateur, après son installation précoce dans la capitale (2). Qui pouvait à Paris, dans les années 1860, composer une pièce pour orgue du niveau de la Prière ? Et même lorsqu’il écrit dans un style plus « pompier » – terme non péjoratif à mes yeux - de l’époque de Louis-Philippe, comme dans le Final , la Grande Pièce symphonique ou la Pièce héroïque , son génie, inspiré de Beethoven, Liszt, Schumann - entre autres - le place au-dessus des autres compositeurs français pour l’orgue. (2) Né à Liège en Belgique, César Franck prit la nationalité française en 1870.
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