LDV113-4

13 MICHEL BOUVARD Pensez-vous qu’il existe une tradition ou, plus exactement, une évolution dans l’interprétation de l’œuvre de Franck, depuis ses élèves et jusqu’aux témoignages du disque ? Je ne vois pas « d’évolution » au sens propre du mot, et il faut se méfier des traditions. Il y a eu des personnalités qui ont marqué, dans différents styles, cette musique durant le XX e siècle. Quand on écoute la pianiste Blanche Selva jouer Prélude, Choral et Fugue en 1928, on est saisi par l’incroyable liberté de sa pensée musicale. Très éloignée d’une telle approche, l’esthétique néoclassique d’une Jeanne Demessieux qui grava l’œuvre de Franck à la fin des années cinquante demeure, elle aussi, d’une grande force, comme la version d’André Marchal également, à Saint-Eustache. Durant cette période on aimait moins les instruments de Cavaillé-Coll, jugés d’un romantisme sombre et suranné. Cela changea dans les années 80-90, et il y eut d’autres interprètes admirables comme Jean Boyer ou Louis Robilliard, qui nous ont beaucoup appris.

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