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5 GARY HOFFMAN, DAVID SELIG Gary Hoffman et David Selig se sont rencontrés en 1986 et, depuis de nombreuses années, ils programment les sonates pour violoncelle et piano de Beethoven. Parfois même, ils les jouent en un seul concert. Ce « voyage » musical parcourant vingt ans de la vie du compositeur modifie-t-il votre perception des œuvres ? Gary Hoffman : Jouer l’intégrale en un concert modifie nécessairement notre approche, mais aussi celle du public ! En effet, combien de personnes écoutent, chez elles, deux heures durant et sans interruption, les cinq sonates ? Le concert oblige à une concentration maximale, les partitions recouvrant les trois grandes périodes créatrices de la vie de Beethoven. Entre 1796 et 1816, l’écriture du compositeur, mais aussi le jeu du violoncelle et du piano ainsi que le rapport entre les deux instruments ont évolué de manière radicale. Je dis à mes étudiants que Beethoven n’aurait jamais imaginé à l’époque de sa première sonate, composer une fugue pour violoncelle, celle, précisément qui referme la dernière sonate. Le public est le témoin de cette prodigieuse mutation. Quant aux interprètes… nous vivons ce bouleversement en direct ! David Selig : Ma perception est absolument identique. J’ai été « éduqué » comme la plupart des pianistes avec la musique de Beethoven. Les premiers disques que j’ai écoutés – je vivais alors en Australie – lui étaient consacrés. Donner l’intégrale en concert modifie inconsciemment mon regard sur cette musique : la perception des proportions, le rapport entre les œuvres et les modes d’expression, tout se transforme et nourrit notre connaissance intime de ces chefs-d’œuvre.

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