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9 FRANÇOIS-FRÉDÉRIC GUY « Une liberté encadrée », en somme… Voilà un point commun avec l’écriture baroque, si je puis me permettre cette comparaison osée… C’est en effet un état d’esprit comparable. Le style de Tristan Murail témoigne d’une liberté de pensée que l’on retrouve jusque dans la beauté du graphisme des partitions. Les barres de mesures sont abolies et certaines phrases musicales sont constituées d’îlots de notes qui se rejoignent ou se superposent. Il peint la liberté avec un graphisme très personnel et parlant pour l’interprète. Ce faisant, il résout l’une des problématiques de la musique contemporaine des années soixante-dix, qui fut parfois surchargée de barres de mesure délirantes. À tort ou à raison, on pensait que la liberté des cycles de temps serait acquise en multipliant celles-ci comme pour mieux rompre avec la tradition. Chez Murail, la mesure a disparu au profit d’une spatialisation du son. Prémices, déjà, chez Debussy… Pour ce qui concerne l’harmonie, l’univers de la musique spectrale offre des points de convergence furtifs avec certains accords issus de la tonalité traditionnelle, ce qui crée un univers harmonique post-tonal assez passionnant. En effet, on n’est jamais certain de l’univers harmonique qui nous entoure et l’on n’est jamais perdu non plus. C’est pour moi un mode d’expression musical presque idéal au XXI e siècle.
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