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12 DEBUSSY ∙ MURAIL | RÉVOLUTIONS Passer de la musique de Tristan Murail à celle de Claude Debussy, c’est finalement créer une gigantesque passerelle dans une histoire qui nous est familière… Je dirais plutôt offrir un saisissant rapprochement ! Jouer Feux d’artifice , dernier des Préludes de Debussy avant ou après une œuvre de Murail ne pose aucun problème d’adaptation à l’auditeur. D’ailleurs, la pièce Cailloux dans l’eau , hommage à Debussy, que j’ai créée en 2017, est un hommage à Reflets dans l’eau de Debussy (le choix de la préposition de lieu « dans » et non « sur » s’avère d’ailleurs essentiel). En ce qui concerne les Préludes de Debussy, tout le Second Livre apparaît tout aussi magnifique que le Premier, mais peut-être encore plus visionnaire et révolutionnaire. Au point que l’on se demande parfois si Brouillards ou Feux d’artifice datent vraiment des années 1910 ! Pensez-vous que les Préludes constitués de pièces diverses représentent toutefois, lorsque vous les jouez en concert, un cycle constitué ? À première vue, non. Interpréter Les Tierces alternées avant Feux d’artifice n’est pas un enchaînement d’une grande évidence musicale. Et pourtant… En concert, il faut penser au prélude que l’on vient de jouer et à celui qui vient après. Debussy les a assemblés dans un certain ordre. Les compositeurs ne font jamais rien au hasard. Y aurait-il un ordre « supérieur » ? La durée du silence, de la respiration entre chaque morceau a également son importance.
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