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11 FRANÇOIS-FRÉDÉRIC GUY Ressentez-vous aussi dans cette écriture qui a tant mûri, un travail pianistique qui soit une synthèse d’un vaste catalogue qui aborde les formes et les instrumentations les plus diverses ? Tristan Murail répond à cette question par sa formation d’ondiste et de pianiste : il sait magnifiquement bien faire sonner le piano. Son expérience orchestrale rejaillit également sur l’écriture de piano qui utilise tous les registres de l’instrument qui sonne comme un immense orchestre symphonique. J’ai interprété bien des pièces radicales, mais la musique spectrale et celle de Tristan Murail, en particulier, apportent un langage d’une intensité et d’une force remarquables. Celui-ci n’est pas en quête de radicalité – elle ne peut pas être une fin en soi –, et il ne peut être question d’un retour ou d’un refuge vers un néo-tonalisme sans objet et qui ne m’intéresse absolument pas. Regarder dans « le rétroviseur » quand on est créateur est, pour moi, sans fondement. La démarche rejoint, ici, les idéaux d’un Beethoven qui pensait la musique dans un élan permanent et d’une dimension prométhéenne.
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