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31 PHILIPPE BIANCONI Sur son chemin de traverse, il rencontre Gaby Casadesus : il peaufine avec elle la pureté du style, la clarté du propos musical, cultivées depuis les prémices de son apprentissage. Auprès du pianiste russe Vitalij Margulis, il trouve cette densité du son qui lui est unique et puise dans les plis du texte, au creux des harmonies, cette expressivité toujours au service du sens. Coup double ! Premier Prix au Concours Robert Casadesus de Cleveland, puis Deuxième Prix au Concours Van Cliburn, il triomphe au Carnegie Hall, sa carrière américaine est lancée…Puis c’est l’Europe, la France, le monde, en récital ou avec les plus éminents musiciens d’aujourd’hui. Et toujours dans le sillage du couple Casadesus, mais aussi de Nadia Boulanger, le plus naturellement, il succèdera pour cinq années à Philippe Entremont à la direction artistique du Conservatoire américain de Fontainebleau. Au concert, cette vibration de l’air, lorsque le silence emplit la salle, lui est précieuse, libératrice, inspirante. Il lui arrive d’y relever les défis les plus fous, comme jouer en une soirée les deux concertos de Brahms. Lorsqu’il retourne dans son coin de paradis quelque part au sud entre mer et montagne, il se souvient de ses jeunes années, de ses parents qui l’emmenaient à l’opéra, de cet amour pour la voix très tôt éprouvé et qui ne le quittera jamais. Il se souvient d’Hermann Prey, rencontré à vingt-deux ans, et de Schubert qui les a réunis au disque et huit années durant sur les scènes du monde, le Wigmore Hall, la Scala, Munich, New York… Alors son piano chante, respire, devient chair et âme. Et Chopin, Schumann, Brahms, mais aussi ses chers français, Debussy et Ravel, dans un sublime abandon, livrent à ce musicien-poète les trésors de leurs confidences.

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