LDV109

11 PHILIPPE BIANCONI D’où vient ce lyrisme ? Son écriture très méticuleuse appelle au premier abord une lecture de cette forme de perfection, de suprême précision. Tout y est très clair, parfaitement à sa place. Lorsque j’étais jeune, je m’attachais au fini sonore, à la couleur. Je n’avais alors pas mesuré à quel point le lyrisme est consubstantiel à son œuvre. Ravel ne le laisse pas jaillir spontanément, pas plus qu’il ne le bride. Il va le chercher très profondément en lui, mais ne le livre pas brut : il le façonne avec soin, en dessine les courbes avec précision, exactitude. Les élans de ses phrases sont à la fois d’une profonde sincérité et extrêmement maitrisés dans leur écriture. Dans les Valses nobles et sentimentales , il y a ce lyrisme jusque dans les plus lentes, la deuxième notamment, cette perfection du galbe de la phrase que possède aussi mais d’une tout autre manière la mélodie d’ Ondine . L’interprète y est sur un fil : il lui faut trouver ce point délicat d’équilibre entre expressivité, naturel, et élégance. Et s’il y a une œuvre chez Ravel où il faut être dans un souci d’élégance, ce sont bien ces Valses ! Elles s’enchaînent formant, malgré leurs contrastes, une œuvre d’une grande unité. La septième annonce La Valse à venir et la dernière est un rêve, une merveille onirique : on y est comme dans un demi-sommeil, des visions affleurent à la conscience, telles des réminiscences proustiennes.

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