LDV109
7 PHILIPPE BIANCONI Ce sentiment de solitude que vous évoquez ici et à propos de la Sonatine s’exprime-t-il ailleurs en filigrane de sa musique ? Ravel, je pense, portait au fond de lui une grande part de solitude. Cela se perçoit dans nombre de ses pages. Dans le paysage des Oiseaux tristes notamment. J’ai découvert l’aspect sombre des Miroirs en y décelant ce sentiment. Noctuelles cache sous son insaisissable discontinuité, sa fuyante poésie, sa volatilité, quelque chose de plombé. L’ Alborada del gracioso est un portrait solitaire où l’amertume, le tragique pointent. Une barque sur l’océan n’est pas uniquement la contemplation d’un paysage marin, mais l’expression d’une solitude : la barque est là, à mon sens vide, et le regard sur cette barque flottant seule sur l’immensité éveille ce sentiment humain. Elle en est la métaphore, la projection matérielle. Il y a quelque chose de senti, de vécu dans cette pièce traversée d’épisodes sombres et angoissants. Enfin La vallée des cloches est un épilogue nostalgique, un regard un peu détaché posé sur quelque chose de lointain.
RkJQdWJsaXNoZXIy OTAwOTQx