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9 PHILIPPE CASSARD À quoi est dû votre choix d’un tempo allant dans l’Andante du concerto ? … Eh bien, justement : parce que ce n’est pas un adagio romantique beethovénien ou je ne sais quelle marche funèbre, mais un andante mozartien à variations de style classique à 3/8 (avec une métrique à la croche), et non à 3/4 (avec une métrique à la noire). Il y a eu, pendant une longue période du XX e siècle, une tradition de ralentir considérablement les mouvements centraux des concertos de Mozart. Certaines éditions ont supprimé des signes alla breve , comme dans le Concerto K.466 en Ré mineur. Résultat ? Même avec la plus belle sonorité du monde, on a ajouté du pathos, de l’expressivité, de l’épaisseur là où il y a le théâtre de Mozart, donc le mouvement et l’action, comme dans cet Andante. L’entrée du piano, après ce préambule de l’orchestre, sinueux et étonnamment chromatique, c’est déjà la ligne de chant d’une Donna Anna ! Inutile d’en rajouter : l’écriture très ornée, accentuée et syncopée du piano figure le personnage, tourmenté, hagard et muré dans sa douleur.

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