LDV106

11 PHILIPPE CASSARD Curieusement, la Sonate K.497 pour piano à quatre mains semble ignorée de la plupart des pianistes qui jouent en duo… Pour moi, c’est incompréhensible, car cette oeuvre grandiose et bouleversante, dont chaque note est un bijou, fait partie des vingt ou trente chefs-d’œuvre incontestables de Mozart. Aucune de ses autres sonates pour piano à quatre mains n’atteint cette richesse de motifs et cette profondeur de la pensée. Le lever de rideau Adagio en unissons, qui module ensuite jusque dans les tonalités les plus éloignées de Fa majeur, annonce clairement Schubert. Dans l’Andante, des intermèdes d’opera buffa rompent les duos de sopranos et de mezzo-sopranos tout droit sortis des Noces ou préfigurent Fiordiligi et Dorabella. Et quel sens des éclairages à la fin, lorsque les feux de la rampe s’éteignent les uns après les autres… Tout l’orchestre est là, déployé sur un clavier, avec ses cordes (l’ouverture des Noces de Figaro est presque textuellement citée dans le développement du premier mouvement), sa section des vents (sublimes successions de tierces dans l’Andante), ses timbales, les trompettes et les cors en embuscade. Quant au final, avec ses fausses fins ingénues, ses codas retardées, ses cadences évitées, ses audaces harmoniques, c’est un éclat de rire général qui le conclut, nous rappelant combien Mozart est un maître-artificier de la fête.

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