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10 MOZART À L'OPÉRA Mozart à l’opéra : l’air de concert Ch’io mi scordi di te est-il un air d’opéra ? À l’origine, le texte figure dans un air de ténor composé pour la reprise viennoise d’ Idoménée – car la singularité de bien des airs « de concert » de Mozart, c’est qu’on pouvait les replacer un peu partout, même dans les opéras d’autres compositeurs ! Cette nouvelle mise en musique du texte est particulière, cependant : d’abord par ses chaudes tonalités bémolisées qu’on retrouve dans Les Noces ou Così . Mais surtout parce que Mozart ajoute le piano à l’orchestre – chose impensable à l’opéra et qui signale qu’il s’agit d’un véritable air de concert –, et qu’il dédie l’air à Nancy Storace, une soprano qui ne le laissait pas indifférent. La dédicace est sans équivoque : « für Mselle Storace und mich » (pour Mam’zelle Storace et moi). Les paroles de l’air ? « Ne crains rien, mon amour, mon coeur sera toujours à toi »… Qu’apporte la Fantaisie K.475 dans ce programme ? Je dirais qu’à elle seule, elle justifie le titre du CD. Lever de rideau dans l’obscurité, caractère grave et solennel exprimé par toutes les cordes, enchaînement de modulations frappantes qui annoncent celles du Grave de la Sonate pour piano à quatre mains K.497. Et puis, tout le mécanisme opératique se met en branle, certes en modèle très réduit, mais cela me paraît si évident : air pour mezzo, intermezzo secco de l’orchestre, air pour soprano, cadence avec vocalise, duo soprano et mezzo, tutti d’orchestre pendant le changement de décor à vue, récitatif avec orchestre, retour aux motifs de l’introduction, un peu comme dans Don Giovanni lorsque la statue du Commandeur chante sur le thème de l’ouverture.

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