LDV100
13 MICHEL DALBERTO Vous avez enregistré cet album sur un piano Carl Bechstein. La Sonate a d’ailleurs été créée par Hans von Bülow sur un instrument de ce facteur afin de promouvoir la sortie de son piano à queue. Parlez-nous du choix de votre piano… Enregistrer sur un Bechstein était, déjà, un clin d’œil. J’apprécie sa sonorité et j’avais d’ailleurs enregistré un disque Fauré sur un piano de cette marque, me rappelant que Perlemuter m’avait dit que Fauré possédait un Bechstein chez lui. Debussy était également extrêmement louangeur pour ces pianos. La longueur de son, la clarté dans les basses de l’instrument, un mélange de suavité et de projection sonore me plaisent beaucoup. Cela étant, je ne cherchais pas à revenir aux sources de l’interprétation « historiquement informée ». La seule vérité qui nous relie à la musique, c’est celle de la partition. En revanche – et je le dis régulièrement à mes étudiants au Conservatoire de Paris –, je suis très attentif aux nuances stipulées qui sont en rapport direct avec les instruments joués à l’époque de la création des pièces. Nikolaus Harnoncourt avait raison lorsqu’il affirmait que les compositeurs veulent avant tout être joués et donc écrivent pour l’instrumentarium à leur disposition. Jamais un musicien d’hier ou d’aujourd’hui n’imaginerait spécifier telle ou telle nuance en fonction d’hypothétiques instruments à venir… De fait, les nuances parfois « irréalistes » que nous lisons sur certaines partitions sont souvent d’ordre psychologique. À chacun de les intégrer dans sa pensée musicale.
RkJQdWJsaXNoZXIy OTAwOTQx