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5 ORCHESTRE NATIONAL DE METZ GRAND EST ∙ DAVID REILAND On est tenté, pour introduire un programme dédié aux créatrices, de mettre l’accent sur leur genre et d’aborder les nombreuses difficultés qu’elles ont affrontées. Depuis le temps de leur formation jusqu’à celui de la réception de leurs partitions, elles luttèrent sans aucun doute contre les attentes de leurs contemporains. Gare à celles qui exprimaient le tumulte des sentiments ou montraient un désir de professionnalisation : la presse se chargeait d’affirmer qu’elles étaient tenues à la délicatesse et qu’on préférait, de leur part, une prestation dans la sphère privée à une exposition au concert ou sur la scène lyrique. Cependant, en rappelant continuellement la misogynie du passé, on explique certes le peu d’écho que certaines œuvres ambitieuses ont connu, mais on participe aussi à la diffusion de ces préjugés. On assigne aux femmes une place à part dans l’espace esthétique. Demande-t-on aux auditeurs des albums présentant uniquement la musique de compositeurs – c’est-à-dire la quasi-totalité des cas – d’entendre la voix d’une masculinité triomphante ?

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