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13 ORCHESTRE NATIONAL DE METZ GRAND EST ∙ DAVID REILAND Marina Chiche : Comment est-née A Little Summer Suite ? Betsy Jolas : Tout est parti d’une rencontre assez inattendue avec Sir Simon Rattle alors que j’étais venue en Angleterre entendre l’opéra d’un ami, Julian Anderson. Après la représentation, nous nous sommes retrouvés ensemble à un dîner, nous avons beaucoup parlé (et aussi très bien mangé !). À peine rentrée à Paris, j’ai reçu une commande d’une œuvre pour l’Orchestre philharmonique de Berlin (dont il était le directeur à l’époque). La demande était assez pressée ; or j’avais une autre pièce à finir mais bien sûr, j’ai accepté. Je me suis alors demandé comment écrire une œuvre qui ne me prenne pas trop de temps. J’avais déjà joué avec la notion d’une musique « errante », vagabonde, autrement dit une musique qui semble sans but et qui pourrait donc atterrir n’importe où, n’importe quand. Cette idée est empruntée aux Tableaux d’une exposition de Moussorgski que j’aime infiniment. Je souscris totalement à ce qu’en dit Debussy*. J’ai d’ailleurs toujours adoré la musique de Moussorgski que j’ai connue très jeune car nous étions l’une des rares familles à posséder un gramophone sur lequel j’écoutais Boris Godounov avec Chaliapine dans le rôle-titre ! * « Jamais une sensibilité plus raffinée ne s’est traduite par des moyens aussi simples ; cela ressemble à un art de curieux sauvage qui découvrirait la musique à chaque pas tracé par son émotion ; il n’est jamais question non plus d’une forme quelconque, ou du moins cette forme est tellement multiple qu’il est impossible de l’apparenter aux formes établies — on pourrait dire administratives : cela se tient et se compose par petites touches successives, reliées par un lien mystérieux et par un don de lumineuse clairvoyance. »
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