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La pratique régulière de la musique de chambre avec son aspect intimiste est- elle, selon vous, un alibi pour tenter de nouvelles approches ? Danae — Oui, c’est certainement plus facile d'essayer de nouvelles choses à deux ou à trois plutôt qu’avec un grand orchestre, où il faut indiquer clairement une direction. La musique de chambre est peut-être la façon la plus directe de faire de la musique. Les compositeurs écrivent souvent pour eux et leurs amis. C’est ce qui rend cette musique très personnelle. Elle reflète d’une certaine manière une introspection, où il est possible de s’exprimer très aisément. Adrien — Comparé à des concertos où le jeu est évidemment plus virtuose et où la puissance sonore de l'orchestre s'impose naturellement, la musique de chambre a par essence un côté plus privé, voire confidentiel. Quand on converse avec des chanteurs qui organisent une soirée lyrique, ils soulignent fréquemment qu’il n’est pas facile de s’approprier rapidement chaque petite pièce et chaque rôle. Danae — C’était également un défi pour nous lors de l'enregistrement, avec des changements de caractères très rapides entre les pièces. Dans une sonate de répertoire, le discours se construit progressivement et on pénètre progressivement dans la pièce. Or, avec « Chanson bohème », nous devions être dans le bon caractère du morceau dès la première seconde pour pouvoir immédiatement emmener l’auditeur dans un nouveau monde. 14 CHANSON BOHÈME
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