LDV78.9
14 BEETHOVEN L’École française – si tant est que l’on puisse l’appeler ainsi – modère la gestuelle de l’interprétation. Pour autant, faut-il s’interdire de traduire en gestes, la violence expressive contenue dans l’écriture de Beethoven ? Il peut être intéressant sinon pertinent d’associer violence gestuelle et violence sonore. Cette dimension est toutefois à manier avec prudence afin d’éviter tout excès. Dmitri Sitkovetsky me raconta que lors d’une interprétation par Sviatoslav Richter et David Oïstrakh de la Sonate pour piano et violon n°4 de Beethoven, Richter eut un geste particulièrement violent à un moment-clé de l’œuvre. Il créa un véritable choc dans le public, mais un choc visuel justifié par la dramatisation de musique. Ressentez-vous aussi une dimension spécifique au silence dans la musique de Beethoven ? Beethoven l’utilise fort efficacement même dans des œuvres de jeunesse – mouvements lents des op.7 et op.10 n°3. Ce n’était pas le cas avec Mozart qui était trop attaché à la vie, dans toutes ses manifestations, du bonheur à la mort. Schubert demeure le maître incontesté du silence. Plus nous entrons dans la période dite « romantique », plus le silence affirme sa présence.
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