LDV78.9

13 MICHEL DALBERTO Comment concevez-vous la notion d’authenticité en matière d’interprétation et quelle est votre réflexion à propos du choix de l’instrument ? L’imaginaire de Beethoven nous apparaît gigantesque, sans limites. Mais je ne crois pas qu’il ait anticipé ce qui allait advenir de la musique. Beethoven a d’abord compris et intégré son héritage sonore. De fait, la situation des interprètes n’est pas simple : ils doivent « oublier » la suite de l’histoire. C’est cela la véritable authenticité. Je suis parfois gêné quand j’entends des pianistes jouer les sonates de jeunesse dans les pas des opus tardifs. Quant au choix de l’instrument, il n’a pas vraiment d’importance. Les compositeurs comme Beethoven étaient simplement curieux et voulaient disposer demécaniques toujours plus performantes. Le changement d’instrument n’était pas un problème en soi. Et à mes yeux, il ne l’est toujours pas. Au contraire, je trouve cela plutôt stimulant ! La perte d’harmoniques causée par le fait d’avoir délaissé aujourd’hui le pianoforte, est compensée par les autres avantages offerts par le piano moderne comme, par exemple, l’utilisation de la pédale tonale. Je m’en sers régulièrement dans lamusique de Franck dont l’écriture évoque la registration de l’orgue ainsi que celle de Debussy. Je l’utilise de plus en plus souvent notamment dans la musique de Beethoven mais aussi de Schumann, de Liszt. Mais cela implique de repenser la technique d’interprétation.

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